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Algérie, les oubliés du 19 mars 1962

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surprises-parties, n’auraient-elles pas existé ? « Un tel déracinement était

impensable. Nous sommes des migrants qui avons été chassés d’un coin

de notre pays où nous étions heureux pour une autre partie de notre pays,

où nous gênions. »

Elle regrette que les métropolitains ne comprennent toujours pas les

pieds-noirs et ne cherchent nullement à s’intéresser à eux. « Ils nous

voient à dos de chameau, protégés du soleil par de délicates ombrelles,

des serviteurs arabes faméliques en haillons nous suivant à pied. Un soir,

j’avais invité des amis à dîner chez moi. Au cours du repas, l’un d’eux

m’a demandé : “C’était quoi ton lycée Ben-Aknoun ?” Je lui ai répondu

qu’il s’agissait d’un lycée franco-musulman. Mon ami est tombé des

nues. “Ah bon ? Tu étais avec des Arabes, garçons et filles ? Je ne te

crois pas. Les gosses musulmans n’allaient pas à l’école. Ils n’avaient pas

le droit à l’éducation.” J’ai montré à mes amis des photos de classes. Ils

étaient sidérés. “Il y avait beaucoup d’Arabes ? – Oui et ils apprenaient la

même chose que nous. – On ne savait pas.” Il y a plein de choses que les

métropolitains ne savent pas. En revanche, les légendes sur l’égoïsme et

le racisme des pieds-noirs pullulent. Comme celle du pauvre bidasse,

accablé par la chaleur, assoiffé, auquel un colon, gros et rougeaud, refuse

un verre d’eau. »

1. Alain Vincenot, op. cit.

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