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J’ai fait acclamer et ratifier ce choix par l’Algérie tout entière,
comme par l’armée.
J’ai préparé, sans la réaliser, une opération militaire sur la
métropole, sur Paris, opération anxieusement souhaitée par celui qui
devait en être le bénéficiaire, le général de Gaulle, alors simple
particulier.
Voici pourquoi, lorsque j’eus la conviction que j’avais été, le
13 mai, la dupe d’une comédie affreuse et sacrilège, je me suis senti
engagé devant ma conscience, devant mes pairs, devant ma patrie et
devant Dieu.
Ceux qui avaient été trompés et bafoués avec moi, ce n’était pas
les membres d’une coterie. C’était des soldats vivants et morts de
l’armée d’Algérie, leurs camarades de métropole, et tout ce peuple
confiant et fort, celui-là même qui avait écrit à Cassino, toutes races
confondues, une page immortelle de gloire.
À aucun prix, je ne pouvais admettre d’être considéré comme le
complice du général de Gaulle dans le martyre de l’Algérie
française et dans sa livraison à l’ennemi.
Si j’avais trompé le peuple d’Algérie et l’armée en criant : “Vive
de Gaulle”, c’est parce que j’avais été trompé moi-même. »
Cité par la défense, Robert Lacoste, ancien ministre-résident et
gouverneur général d’Algérie entre février 1956 et mai 1958, témoignera,
le 19 mai, sur « la politique que nous avons menée, Salan et moi » :
« Il l’a menée loyalement, je dois le dire. Si je ne le disais pas, je
crois bien que je serais un misérable. […]. J’ai quand même le droit
de dire cette espèce d’écœurement que j’ai aujourd’hui parce que
ceux-là [du FLN] qui ont tué femmes et enfants à la terrasse des
cafés, aux arrêts d’autobus, à la sortie des écoles, dans les stades et
dans les bals populaires, sont amnistiés. »
Autre témoignage, celui du général Henri de Pouilly, commandant du
corps d’armée d’Oran, resté légaliste en avril 1962 :
« En choisissant la discipline, j’ai choisi de partager avec mes
concitoyens et la nation française, la honte de l’abandon. Ceux qui