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hommes de l’Armée algérienne firent assaut et dans un laps de temps très
court, je me retrouvais prisonnier.
Les maquisards m’intiment l’ordre de les suivre. Je n’avais pas cru mes
oreilles parce que je croyais être abattu sur-le-champ. Nos officiers nous
l’avaient maintes fois affirmé. Eh bien, c’est faux… Je ne fus pas abattu. Au
contraire, les hommes de l’Armée algérienne m’invitèrent dans un français
correct à les accompagner pour être présenté à leur chef. L’accrochage
terminé, ordre est donné de prendre une direction que je ne connaissais pas.
Entre-temps, j’avais constaté que plusieurs maquisards portaient deux
armes chacun et j’ai pu déduire que c’était des armes récupérées.
Au bout d’une heure de marche, nous nous arrêtâmes dans une maison de
campagne. J’ai appris qu’un chef important a recommandé à l’aspirant-chef
de la compagnie de l’Armée algérienne de bien me traiter, de me donner
vivres et couverts et surtout de ne pas me maltraiter. Il a même promis de
me rendre la liberté sachant que j’allais être libéré le 6. À partir de ce
moment, je ne fus nullement inquiété. Je manque cependant de cigarettes,
les maquisards ne fument pas. Ils observent et respectent strictement les
consignes de leurs chefs. Vraiment ce sont des chics types. Ils parlent
presque tous le français et se réfèrent dans leur conversation avec moi aux
traditions révolutionnaires du peuple de France. Je suis très étonné par leur
conduite. Ni injures, ni propos déplacés. Ils s’aiment fraternellement.
Ce n’est pas comme dans notre armée, on ne parle jamais de réjouissances
mondaines. J’ai l’impression que ce ne sont pas des hommes, mais des
anges. Ils m’ont entretenu de leurs aspirations qui me paraissent toutes
légitimes. Leur meilleur vœu est d’aller défiler à Alger ou occuper une
place au paradis. Franchement, je ne croyais pas que ceux que nos organes
de presse appellent “rebelles” sont des hommes comme nous, qu’ils
méritent respect et considération. La propagande a laissé les véritables
données de la guerre. De cette sale guerre on nous a dit qu’ils sont une
dizaine. En réalité, nous avons devant nous une armée organisée par
sections, compagnies, bataillons. Avec des officiers et sous-officiers, un
armement moderne, ils disposent même de mortiers.
Cher papa, je suis un peu entraîné par la plume, je veux bien raconter dans
les détails tout ce que j’ai pu constater dans le maquis. Une vie fascinante,
grouille de dangers et d’espoir, mais je m’arrête pour vous dire
essentiellement que je vais très bien, ma santé est excellente, malgré les
longues marches nocturnes auxquelles je commence déjà à m’habituer. La