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femmes, enfants, vieillards, encerclés dans un immense ghetto, pour
briser leur volonté de rester français.
On leur coupe l’eau, les vivres frais, les moyens de communiquer
avec leurs proches dans l’espoir de leur arracher par la force, par la
lassitude, par la famine, par l’épidémie ou par tout autre moyen, ce
que le pouvoir est incapable d’obtenir autrement : l’adhésion de Bab
el Oued et de chacun de nous à la politique de trahison qui consiste
à livrer notre pays à ceux qui nous égorgent depuis sept ans et ont
tué 20 000 soldats français.
Nous ne laisserons pas perpétrer ce génocide. La population
entière du Grand-Alger se portera ce lundi 26 mars à partir de
15 heures, au secours de Bab el Oued : drapeau en tête, sans aucune
arme… »
Vers 14 h 45, rue d’Isly, un cortège d’Algérois se heurte à un barrage
e
tenu par le 4 RTA (régiment de tirailleurs algériens). Équipés de fusilsmitrailleurs,
les soldats, des Arabes du bled, pas formés au maintien de
l’ordre en ville, mal encadrés, ont reçu l’ordre de stopper les
manifestants. Coups de feu. Panique. À plusieurs reprises, un jeune
lieutenant crie « Halte au feu ! » En vain. Le crépitement des armes dure
une dizaine de minutes. Bilan : une centaine de morts et plus de
200 blessés.
Parmi les victimes : Renée, vingt-trois ans, tuée d’une balle dans la
tête. Sa sœur, Nicole Ferrandis, confiera :
« La rue d’Isly fut le coup de grâce. L’armée, que nous vénérions,
cette armée du pays des droits de l’homme, venait d’assassiner ma
sœur et ne viendrait pas à notre secours. Elle n’était plus en guerre
contre le FLN. Elle tirait sur des civils français désarmés. Le
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pouvoir nous sacrifiait . »
Dans la soirée de cette tragique journée, le général de Gaulle exhorte
les Français à entériner les accords d’Évian en votant « oui » au
référendum du 8 avril :
« Dès lors que la France veut que l’Algérie dispose d’elle-même,
dès lors que notre armée s’est assuré la maîtrise du terrain, dès lors