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Algérie, les oubliés du 19 mars 1962

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embuscade ? Avaient-ils fait le mur de leur caserne, comme l’a prétendu

une rumeur ? Ils n’ont plus jamais donné signe de vie. »

Henry Chombeau écrit, téléphone, s’incruste pour obtenir des rendezvous…

Il ne néglige aucune démarche susceptible de lui permettre

d’obtenir la plus infime information sur son fils. Ainsi, il contacte le

colonel Jean-Robert Thomazo, député des Basses-Pyrénées, qui

deviendront Pyrénées-Atlantiques en 1969. Surnommé « Nez-de-cuir »

depuis une grave blessure au visage durant la campagne d’Italie, en 1943,

il intimide Raoul. Le 13 mai 1958, à la tête de l’UTB (unité territoriale

blindée) qu’il avait formée, il avait soutenu le Comité de salut public qui,

composé de partisans de l’Algérie française et de gaullistes, allait, en un

mois, porter au pouvoir le général de Gaulle. En novembre 1958, il avait

été élu à l’Assemblée nationale sous l’étiquette UNR. En octobre 1959,

ne cautionnant pas les revirements du Général sur l’avenir de l’Algérie, il

avait plaqué le parti gaulliste pour le groupe Unité de la République,

partisan de l’Algérie française et, en 1960, il avait présidé le Front pour

l’Algérie Française (FAF), mouvement anti-indépendantiste,

farouchement hostile au FLN, fondé par le bachaga Boualam. Lorsque le

gouvernement français décida de le dissoudre, six mois plus tard, le FAF

comptait un million d’adhérents, dont 40 % d’Arabes.

Pendant des années, Henry Chombeau s’est démené tous azimuts.

Préfet des Basses-Pyrénées, autorités civiles et militaires, « la Grande

Muette se calfeutrait derrière une muraille inébranlable », Croix-Rouge,

« qui ne voit rien, n’entend rien », ministères… « Pas le début d’une

piste. L’armée n’a même pas rendu à mes parents le moindre objet

personnel ayant appartenu à mon frère. Mon père a écrit à l’officier qui

e

commandait le 22 RIMA, à celui qui commandait sa compagnie. Ils

n’ont pas daigné lui répondre. Il s’est adressé au général de Gaulle. Il n’a

eu droit qu’à un accusé de réception poli rédigé par un obscur membre

d’un quelconque cabinet. »

Parallèlement, l’administration déroulait, froidement, les étapes d’un

dossier :

22 août 1963 : le tribunal de grande instance de Bayonne déclarait le

soldat Michel Chombeau décédé

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