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Algérie, les oubliés du 19 mars 1962

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religieux. Ils conserveront leur statut personnel qui sera respecté et

appliqué par des juridictions algériennes comprenant des magistrats

de même statut. Ils utiliseront la langue française au sein des

assemblées et dans leurs rapports avec les pouvoirs publics. Une

association de sauvegarde contribuera à la protection des droits qui

leur seront garantis. Une Cour de garanties, institution de droit

interne algérien, sera chargée de veiller au respect de ces droits. »

À peine formulés, ces engagements ne rassurent pas, tant l’insécurité

empire. La multiplication des assassinats et des enlèvements accroît la

panique et gonfle les files d’attente sur les ports et dans les aéroports.

À Aïn el Arba, les Arabes semblent croire à la fin des violences. Le

4 juillet, leur communauté invite les pieds-noirs encore présents à

partager un couscous de la réconciliation. « Preuve que, sans les

interférences politiques, tout aurait très bien pu se passer entre nous. Le

mal est venu de ceux qui, ayant pris le pouvoir, avaient décidé de

gommer toute présence européenne. Ahmed Ben Bella et Houari

Boumédiène ne voulaient plus de nous. Tous les moyens, jusqu’aux plus

cruels, étaient bons pour nous éliminer et s’emparer de nos biens. »

Le lendemain du couscous de la réconciliation, la vague sanguinaire

qui à 60 kilomètres d’Aïn el Arba submerge Oran donne le coup fatal aux

derniers espoirs d’apaisement. « Enlevé dans une rue d’Oran, un de mes

cousins a été libéré de justesse par un ami arabe. Quelques heures plus

tard, il était sur le port, avec sa famille. » En juin 2005, dans la revue

2

Ensemble , Hocine Aït Ahmed, l’un des chefs historiques du FLN,

dénoncera la « tragédie humaine » que constitua l’expulsion des piedsnoirs

:

« Plus qu’un crime, une faute. Une faute terrible pour l’avenir

politique, économique et même culturel, car notre chère patrie a

perdu son identité sociale. N’oublions pas que les religions, les

cultures juive et chrétienne se trouvaient en Afrique du Nord bien

avant les arabo-musulmans, eux aussi colonisateurs, aujourd’hui

hégémonistes. Avec les pieds-noirs et leur dynamisme – je dis bien

les pieds-noirs et non les Français –, l’Algérie serait aujourd’hui une

grande puissance africaine, méditerranéenne. Hélas ! Je reconnais

que nous avons commis des erreurs politiques, stratégiques. Il y a

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