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religieux. Ils conserveront leur statut personnel qui sera respecté et
appliqué par des juridictions algériennes comprenant des magistrats
de même statut. Ils utiliseront la langue française au sein des
assemblées et dans leurs rapports avec les pouvoirs publics. Une
association de sauvegarde contribuera à la protection des droits qui
leur seront garantis. Une Cour de garanties, institution de droit
interne algérien, sera chargée de veiller au respect de ces droits. »
À peine formulés, ces engagements ne rassurent pas, tant l’insécurité
empire. La multiplication des assassinats et des enlèvements accroît la
panique et gonfle les files d’attente sur les ports et dans les aéroports.
À Aïn el Arba, les Arabes semblent croire à la fin des violences. Le
4 juillet, leur communauté invite les pieds-noirs encore présents à
partager un couscous de la réconciliation. « Preuve que, sans les
interférences politiques, tout aurait très bien pu se passer entre nous. Le
mal est venu de ceux qui, ayant pris le pouvoir, avaient décidé de
gommer toute présence européenne. Ahmed Ben Bella et Houari
Boumédiène ne voulaient plus de nous. Tous les moyens, jusqu’aux plus
cruels, étaient bons pour nous éliminer et s’emparer de nos biens. »
Le lendemain du couscous de la réconciliation, la vague sanguinaire
qui à 60 kilomètres d’Aïn el Arba submerge Oran donne le coup fatal aux
derniers espoirs d’apaisement. « Enlevé dans une rue d’Oran, un de mes
cousins a été libéré de justesse par un ami arabe. Quelques heures plus
tard, il était sur le port, avec sa famille. » En juin 2005, dans la revue
2
Ensemble , Hocine Aït Ahmed, l’un des chefs historiques du FLN,
dénoncera la « tragédie humaine » que constitua l’expulsion des piedsnoirs
:
« Plus qu’un crime, une faute. Une faute terrible pour l’avenir
politique, économique et même culturel, car notre chère patrie a
perdu son identité sociale. N’oublions pas que les religions, les
cultures juive et chrétienne se trouvaient en Afrique du Nord bien
avant les arabo-musulmans, eux aussi colonisateurs, aujourd’hui
hégémonistes. Avec les pieds-noirs et leur dynamisme – je dis bien
les pieds-noirs et non les Français –, l’Algérie serait aujourd’hui une
grande puissance africaine, méditerranéenne. Hélas ! Je reconnais
que nous avons commis des erreurs politiques, stratégiques. Il y a