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Algérie, les oubliés du 19 mars 1962

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de ces femmes, ignorés, méprisés par Paris, « étrange amalgame de races,

d’un sang bouillonnant », « qui n’arrivent pas à se faire à l’idée d’être

chassés, en même temps que leurs morts, de cette terre sur laquelle ils

travaillent depuis plusieurs générations » :

« Le drame a commencé pour eux quand ils eurent constaté

l’indifférence totale des Français à leur égard et se virent traîner

successivement, par l’homme qu’ils avaient poussé au pouvoir le

13 mai, de la formule de l’intégration à base de fraternisation qu’ils

préconisaient à celle d’autodétermination, pour finir par la

prédétermination et la reconnaissance d’une République algérienne

jouissant de droits souverains. D’où leur révolte, par des moyens

qui prêtent à discussion et les peuvent conduire à des mesures

désespérées, voire suicidaires. L’armée, hier encore seule garante de

l’ordre, est aujourd’hui profondément désunie et désarmée

moralement par de coupables moyens. Qui donc arbitrera les

confrontations sanglantes que l’on voit poindre avec terreur à

l’horizon, en l’absence de toute autorité et même de toute

administration ? Il n’y a que les fous pour vouloir régler les affaires

d’Algérie par la violence ou par des accords négociés dont on

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voudrait être assuré qu’ils ne sont pas des chiffons de papier . »

21 mars. Cinquante morts.

22 mars. Dix attentats à Alger : cinq morts et dix blessés. À Relizane,

un bébé est tué dans les bras de sa mère.

23 mars. À l’aube, 120 hommes, brassards tricolores frappés du sigle

« OAS », dressent des barrages à l’entrée de Bab el Oued, qu’ils

décrètent « zone insurrectionnelle ». Dans l’après-midi, à l’issue du

Conseil des ministres à l’Élysée, Louis Terrenoire, ministre délégué

chargé des Relations avec le parlement, porte-parole du général de

Gaulle, menace :

« Le président de la République a fait savoir au gouvernement

que la question capitale était de briser par tous les moyens et de

réprimer impitoyablement l’insurrection armée qui se développe

dans les deux plus grandes villes d’Algérie. »

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