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1942, et Christian, en 1944, ainsi qu’une petite dernière, Claude, en 1947.
Le 12 novembre 1939, des complications rendirent difficile
l’accouchement des jumelles, prématurées. Un médecin arabe, le docteur
M’Rabeth, accompagna les premiers mois des bébés. Afin d’affermir au
mieux leur santé, il proposa aux parents de leur louer une maisonnette
qu’il possédait dans le faubourg Sienne, selon lui, « plus aéré que le
centre de la ville ». Rejoints par la mère de Georgette et sa grand-mère
maternelle, Virginie Loiseau, le couple et ses jumelles, y vécurent près de
vingt ans, leur cercle s’élargissant au fil des naissances. Des opérations
militaires extérieures éloignaient fréquemment le père de Tlemcen.
Anne-Marie se rappelle les « rues de terre battue du quartier » de son
enfance. « Une seule voie était goudronnée. Sur un premier tronçon,
c’était l’allée des Oliviers, sur le second, l’allée des Marronniers. » Autre
souvenir : « Notre chien, Dick, un petit bâtard ratier, brun, marron et
blanc, qui s’était donné pour mission de nous surveiller, ma sœur et moi.
Quand ma mère nous promenait dans la rue, il grognait et retroussait ses
babines sur des crocs féroces dès qu’un étranger à la famille s’approchait
trop près de notre poussette. Il prenait très au sérieux son rôle de
gardien. »
Dans la fratrie, les jumelles vont former un clan hermétique, face à
celui des deux garçons, Jean-Claude et Christian, auquel se greffera la
petite sœur. « Excepté pendant les repas, nous n’avions que très peu de
rapports avec nos frères. Nous ne jouions pas ensemble. Nous ne
partagions pas les mêmes centres d’intérêt. Pourtant, Christian débordait
de dynamisme. Il était farceur, rieur, plaisantait toujours, se liait
facilement, avait beaucoup de copains. ».
L’école maternelle et primaire est située, « à un quart d’heure, vingt
minutes à pied de la maison », place des Victoires, au centre de Tlemcen.
« Le bâtiment se dressait en bordure d’un square, autour duquel étaient
regroupés la mairie et divers commerces, horlogerie, librairie,
boulangerie, pâtisserie… À deux pas de la rue Clauzel et du magasin où
travaillait Maman. » Anne-Marie fréquentera également le collège EPS,
en retard d’un an sur sa sœur, qui collectionnera les bonnes notes au
lycée du quartier Slane, près de la Poste, où elle passera le bac. « Plutôt
paresseuse, je n’étais pas une bonne élève. Je n’aimais pas l’école. Je m’y