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Algérie, les oubliés du 19 mars 1962

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1942, et Christian, en 1944, ainsi qu’une petite dernière, Claude, en 1947.

Le 12 novembre 1939, des complications rendirent difficile

l’accouchement des jumelles, prématurées. Un médecin arabe, le docteur

M’Rabeth, accompagna les premiers mois des bébés. Afin d’affermir au

mieux leur santé, il proposa aux parents de leur louer une maisonnette

qu’il possédait dans le faubourg Sienne, selon lui, « plus aéré que le

centre de la ville ». Rejoints par la mère de Georgette et sa grand-mère

maternelle, Virginie Loiseau, le couple et ses jumelles, y vécurent près de

vingt ans, leur cercle s’élargissant au fil des naissances. Des opérations

militaires extérieures éloignaient fréquemment le père de Tlemcen.

Anne-Marie se rappelle les « rues de terre battue du quartier » de son

enfance. « Une seule voie était goudronnée. Sur un premier tronçon,

c’était l’allée des Oliviers, sur le second, l’allée des Marronniers. » Autre

souvenir : « Notre chien, Dick, un petit bâtard ratier, brun, marron et

blanc, qui s’était donné pour mission de nous surveiller, ma sœur et moi.

Quand ma mère nous promenait dans la rue, il grognait et retroussait ses

babines sur des crocs féroces dès qu’un étranger à la famille s’approchait

trop près de notre poussette. Il prenait très au sérieux son rôle de

gardien. »

Dans la fratrie, les jumelles vont former un clan hermétique, face à

celui des deux garçons, Jean-Claude et Christian, auquel se greffera la

petite sœur. « Excepté pendant les repas, nous n’avions que très peu de

rapports avec nos frères. Nous ne jouions pas ensemble. Nous ne

partagions pas les mêmes centres d’intérêt. Pourtant, Christian débordait

de dynamisme. Il était farceur, rieur, plaisantait toujours, se liait

facilement, avait beaucoup de copains. ».

L’école maternelle et primaire est située, « à un quart d’heure, vingt

minutes à pied de la maison », place des Victoires, au centre de Tlemcen.

« Le bâtiment se dressait en bordure d’un square, autour duquel étaient

regroupés la mairie et divers commerces, horlogerie, librairie,

boulangerie, pâtisserie… À deux pas de la rue Clauzel et du magasin où

travaillait Maman. » Anne-Marie fréquentera également le collège EPS,

en retard d’un an sur sa sœur, qui collectionnera les bonnes notes au

lycée du quartier Slane, près de la Poste, où elle passera le bac. « Plutôt

paresseuse, je n’étais pas une bonne élève. Je n’aimais pas l’école. Je m’y

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