Viaggi, esposizioni e istruzione tecnica in Piemonte

Eh mon Dieu! Me voici donc enfin à Bruxelles: me voici lisant et relisant tes deux chères lettres
du 11 et du 18, me voici me figurant que je te vois, que je te parle, que je t’embrasse, que je vois et
que j’embrasse mon bon petit Charles, mon aimable bijoux que j’ai eu la bêtise de quitter, que
j’aurais tant de besoin de retrouver! Combien il me tardait de les recevoir ces bonnes petites lettres!
Allons: vois-là la première fois que nous nous séparons: mais voilà bien certain amant aussi la
dernière: aussi-bien les curiosités de ce monde sont bien loin de vouloir le bonheur d’être
ensemble: et quant à l’instruction, bien dupe est celui qui croit s’instruire en voyageant.
À l’heure qu’il est notre petit Charles a donc fini ses examens: vous êtes installés à la Campagne: tu
es un peu moins seule, un peu moins triste! Que Dieu bénite les bonnes âmes qui réparerons mes
torts en te tenant compagnie! Pour moi je ne fait que me reprocher d’avoir rendu a soin nécessaire:
je comprends toujours moins comment j’ai pu m’y résoudre: je me demande à tout instant ce que tu
dirais, ce que tu ferais, ce que tu éprouverais si tu étais avec nous. Et je conclus toujours de la
même manière, que j’ai été cruel envers tous les deux, par un sentiment de délicatesse que j’aurais
du … loin de moi comme une mauvaise pensée. // Depuis ma dernière lettre de Liège mes jeunes
amis des Chemins de fer ne m’ont plus quitté: nous avons visité ensemble à Liège une filature de
Lin qui m’a vivement intéressée, et une grande manufacture de draps à Verriers. Ce matin nous
sommes partis de Liège à sept heures un quart, pour arriver à Louvain à neuf: nous y avons rendu
visite à M.r le Prof. Band vieux savoyard qui nous à reçus avec une cordialité antique. Pagani était
absent: mai j’en vu Madame qui a bien voulu me dire mille choses obligeantes, me présenter à sa
mère agée de 84 ans, et à une jeune nièce de son mari, et me charger de te faire mille amitiés.
Pagani dis-je était absent, il était à Bruxelles: je m’y promettais l’y voir ce soir: mais par une
fatalité singulière, pendant que nous attendions à Louvain le départ du convoi qui devait nous
porter à Bruxelles, il partait lui de Bruxelles et retournait à Louvain. Ainsi nous nous sommes
croisés sans nous voir. Madame Pagani est très affligée de la perte d’une sœur plus agées qu’elle,
aveugle, et très malheureuse, à ce qu’elle m’a dit. Son mari compte la conduire faire un voyage de
trois semaines pour la distraire, et il n’est pas impossible que je les retrouverait en Angleterre.
Je ne puis rien te dire de Bruxelles, puisque je n’y suis arrivé qu’à cinq heures et demi, et que je
n’ai eu que temps de diner, et de sortir un moment pour donner un premier coup d’ail aux vues et
aux places voisines de notre hotel, qui m’ont paru fort animées, fort élégantes, mais fort éloignées
de la beauté sérieuse et vraie de celles de Turin. Eh! Mon beau Turin, je n’ai rien vu jusqu’ici qui te
vailles! Rien qui soit comparable à la majesté de la vue de la Doire, à la grandeur de la vue du Po’.
Tout ici // me semble fardé, lissé, faussé, pour l’apparence: tuttes ces villes ne sont que des
devantures de boutiques, des vains étalages d’un luxe de cartons: mais la véritable beauté, la
grandeur solide de l’Italie n’y sont pas, ou je n’ai pas d’yeux pour la voir!
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