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la condition humaine – il observe que le cercle herméneutique
fonctionne aussi inversement, c’est-à-dire, l’existentialisme, à son
tour, peut être lu dans une clé gnostique et que, entre les nihilistes
antiques et ceux modernes, les différences sont visible uniquement
en détail, et non en essence. Jonas prend comme point de départ
dans sa redéfinition en sens moderne, la condition humaine du
XVII e siècle, lorsque Pascal donnait sa célèbre définition de
l’homme comme „roseau pensant”, suspendu dans „l’immensité
infinie des espaces que j’ignore et qui m’ignorent”. 28 L’effroi et la
solitude de l’être humain, qui se découvre soi-même comme réalité
fragile dans un monde hostile auquel il n’appartient pas et dont il
se sent séparé par l’abîme de sa pensée, tout cela définit une
condition humaine en divorce avec le Cosmos, dont le Logos
immanent s’occulte jusqu’à la disparition. La conséquence de ce
divorce entre l’homme et le monde est, en tout premier lieu, le fait
que la théologie, étant chassée du dispositif des causes naturelles,
la nature, elle-même sans but, cesse de donner la moindre sanction
aux buts que l’homme pourrait se proposer. Nicolae Balca,
philosophe et professeur de théologie, écrivait dans „La Crise de la
Culture” (Telegraful Român, no.42, Sibiu, 1963, p. 58), mais aussi
dans une conférence tenue lors de L’Assemblée des Jeunes
Chrétiens d’Europe, en 1936, que, si „l’homme antique parlait
avec le cosmos, l’homme médiéval parlait avec Dieu et l’homme
moderne parle avec soi-même”; ici, le „Moi” devient solitaire et
autonome, la Vérité arrive à être mesurée par des appareils
techniques et Dieu est isolé de manière déistique dans une
transcendance inaccessible”. 29 Autrement dit, le „Moi” est
complètement chassé vers soi-même, l’homme ne trouvant plus
son Sens, les valeurs n’étant plus prises en compte de la
perspective d’une réalité objective. Désormais, le sens est „donné”,
les valeurs deviennent „des décrets”, un peu comme des papiers
officiels conférant sa valeur à l’objet. En tant que fonctions de la
volonté, les buts ne sont plus autre chose que ma propre création.
La volonté remplace la vision, et les actes de la foi sont
transformés dans des instruments de la fonction acognitive de
28 STELIAN MANOLACHE, Op. cit., p. 179.
29 Pr. prof. DUMITRU POPESCU, Omul fără rădăcini, in Vol. Biserica în
misiune, Ed. IBMBOR, 2005, p. 481.
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