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l’homme. La valeur du „Bien” en soi sera substituée par „le bienêtre
quotidien” de l’homme moderne. C’est la phase Nietzschéenne
de la situation, où le nihilisme européen remonte à la surface.
Désormais, l’homme sera tout seul avec soi. 30 Si l’univers de
Pascal était encore un univers créé par Dieu, avec Nietzsche, ce
„Deus Absconditus”, que le monde manifestait encore par son
immensité, „quitte la scène” et laisse derrière soi un „Homo
Absconditus” – conception de l’homme caractérisée uniquement
par la volonté et le pouvoir. 31 Selon Jonas, c’est ce changement
dans le mode de concevoir la nature et le cosmos qui a mené à la
naissance de l’existentialisme moderne et de sa variante nihiliste.
Du point de vue historique, de telles conceptions sont la suite
directe de certains événements profondément traumatisants pour la
conscience humaine. Sous cet aspect, Jonas trouve des similitudes
entre les conditions historiques de la fin de l’Antiquité et celle de
la Modernité, toutes les deux étant des phases identiques de la
même culture, les gnostiques antiques étant à la position de nos
contemporains. Même s’il y a des différences – provenant de
l’existence d’une exubérante littérature mythologique, chez les
uns, et de l’austérité tragique, chez les autres, de la religiosité
excessive des premiers et de l’athéisme nihiliste des derniers –
l’état d’esprit dualiste va créer un hiatus entre l’homme, le monde
et Dieu, l’aliénation étant identique dans les deux cas. L’idée de
base de la civilisation grecque, conformément à laquelle le monde
est un Cosmos qui comporte un Logos, corroborée avec l’idée
chrétienne d’un monde qui, par son „Kalokagatia”, reflète son
Créateur est abolie. Dans la variante moderne, l’univers n’est plus
démonisé, il est seulement catastrophique, dévalué, donc, on lui
retire tout investissement spirituel. Cependant, le nihilisme
moderne, comme celui antique, ne repoussera pas seulement les
lois de la nature, mais l’idée même de loi, fût-elle naturelle ou
morale. La mort de Dieu, proclamée par Nietzsche, signifie
l’abrogation de l’idée de loi morale, elle signifie que les valeurs les
plus hautes sont celles dépourvues de valeur et que „le monde
super-sensible est sans pouvoir efficient”; 32 la transcendance est
30 HANS JONAS, Op. cit., p. 421-422.
31 IBIDEM, p. 423.
32 IBIDEM, p. 431-432.
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