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Comptes rendus<br />
Depuis une dizaine d'années (il semble que le numéro spécial de<br />
Late Impérial China de 1996 ait marqué un tournant), l'histoire du livre<br />
chinois a effectué un retour en force dans la sinologie américaine. Cette<br />
histoire est devenue interdisciplinaire - la diversité même des<br />
contributeurs du présent recueil, dont aucun n'est, à strictement parler, un<br />
spécialiste du livre, l'atteste. On ne traite plus seulement du livre comme<br />
d'un texte, mais aussi comme d'un bien de consommation, d'un produit<br />
socio-culturel ou même d'une production artistique. Pour obtenir des<br />
avancées, on élargit aujourd'hui l'horizon en convoquant des spécialistes<br />
de disciplines connexes. En d'autres termes, on s'intéresse depuis une<br />
dizaine d'années à des questions qui ont préoccupé les historiens du livre<br />
en Occident depuis un demi-siècle, et on se sert ce faisant de leur approche<br />
et de leurs conclusions.<br />
L'introduction de Cynthia Brokaw, qui est en réalité un véritable<br />
article (20 pages de notes donnent de précieuses indications<br />
bibliographiques), fait le point sur l'état de la question dans une<br />
perspective comparatiste, et dégage plusieurs thèmes essentiels. Brokaw<br />
souligne notamment les obstacles que rencontre l'historien du livre : les<br />
informations sont peu nombreuses et disséminées (rappelons l'absence, en<br />
Chine, d'inventaires de décès répertoriant les livres possédés par les<br />
défunts, d'archives de libraires ou d'éditeurs et, plus globalement, le<br />
manque d'information sur des questions qui paraissaient sans doute trop<br />
évidentes, ou à tout le moins pas assez intéressantes, pour être relevées).<br />
Mais les livres eux-mêmes « parlent » et sont une source précieuse. De ce<br />
point de vue, la mise en ligne des catalogues de fonds des bibliothèques,<br />
un projet comme « Chinese rare books », piloté par Sôren Edgren et<br />
l'Université de Princeton depuis quinze ans, ou toute bibliographie critique<br />
(shuzhi HfîÊO s'avèrent très précieux.<br />
Joseph McDermott, qui prépare actuellement une synthèse depuis<br />
longtemps attendue sur l'histoire du livre en Chine (The Book in China,<br />
1000-1700), nous en livre un avant-goût dans son brillant article synthétique<br />
sur l'évolution quantitative des imprimés dans le long temps. Il adopte,<br />
indices à l'appui, la thèse « révisionniste » selon laquelle il n'y avait pas<br />
autant de livres qu'on a pu le dire sous les Song 2 . Après le déclin du XIV e<br />
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