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Comptes rendus<br />
jugeant cette fois les romans parus en aval de l'appel de Liang Qichao. S'il<br />
choisit de le faire par le biais de Wu Jianren, c'est qu'une partie de son<br />
œuvre est antérieure audit appel, et que de tous les romanciers notables de<br />
la fin des Qing il est celui qui s'est hasardé le plus hardiment aux expérimentations<br />
stylistiques, spécialement en ce qui concerne la narration.<br />
Comme il ne pratiquait aucun idiome étranger, l'influence des romans<br />
occidentaux s'est exercée sur lui par le truchement des traductions, ou par<br />
ce qu'on pouvait lui en raconter. Hanan s'attache plus particulièrement à<br />
trois œuvres, qui appartiennent au registre des romans de dénonciation ou<br />
romans accusateurs : Ershinian mudu zhi guai xianzhang —-f-^pjËif^fèJS<br />
ÏHT^ (D'étranges phénomènes observés au cours de ces vingt dernières<br />
années, 1903-1910), Xin Shitouji 0r59lîfB (Les Nouvelles Mémoires de<br />
la pierre, 1905-1908) - le narrateur, et protagoniste principal, est ici Baoyu,<br />
d'où ce titre, référence au Shitouji, le Hongloumeng (Le Rêve dans le<br />
pavillon rouge) - et Shanghai youcanlu A^MWIr^^sk (Aventures shanghaïennes,<br />
1907). Dans ces trois romans, la narration est assumée par un<br />
personnage unique, et à la focalisation omnisciente des romans traditionnels<br />
se substitue ici la focalisation restreinte d'un héros naïf et ignorant qui<br />
mûrit peu à peu grâce à l'éducation qu'il reçoit et à l'expérience : Ershinian<br />
mudu zhi guai xianzhang est un récit à la première personne, les deux<br />
autres des récits à la troisième personne.<br />
De Wu Jianren, il est encore question dans « Les relations littéraires<br />
spécifiques de La Mer des regrets », mais à propos d'un « roman romantique<br />
», Hen hai |j||§ (1906), dont Hanan a par ailleurs établi une version<br />
anglaise {The Sea of Regret. Two Turn-of-the-Century Chinese Romande<br />
Novels, 1995). En fait, ce livre doit plutôt se lire comme une critique du<br />
roman d'amour, et comme une réponse à deux autres romans, le récit<br />
censé être celui d'une courtisane de Shanghai - Lin Daiyu - qui emprunte<br />
la forme du journal, Beinan shimoji $£It#p7^iE (Récit de mon ordalie,<br />
1901), et le roman plus authentiquement romantique d'un inconnu, qui<br />
signe Fu Lin, Qin hai shi ^줂 (Pierres dans la mer, 1906). Pour Wu<br />
Jianren, l'amour romantique est pure lubie, et il définit la fonction du qing<br />
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