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Comptes rendus<br />
Dans les faits, les comportements sociaux étaient plus forts que les décrets.<br />
En définitive, The Chinese State in Ming Society est, sinon un plaidoyer<br />
pour une histoire sociale de la Chine prémoderne, du moins une invitation<br />
à insérer la réflexion sur l'État dans celle sur la société : « What was distinctive<br />
about Ming China was less its state than its society » (p. 8). On<br />
mesure là le chemin parcouru par les historiens depuis, par exemple, The<br />
Chinese Governement in Ming Times (1969), qui valorisait surtout<br />
l'histoire institutionnelle, ou la différence avec un Ray Huang, à<br />
l'approche plus macro-économique.<br />
Brook est agréable à lire (on connaît la « Brook touch », faite<br />
d'histoires insérées dans l'Histoire), limpide dans l'expression, jamais<br />
ennuyeux ni superflu. Il nourrit une affection certaine pour les acteurs et<br />
les époques qu'il évoque. Il possède un sens aigu de la « temporalité »<br />
Ming, autour de laquelle il avait construit The Confusions ofPleasure. Les<br />
sources sont nombreuses et variées, l'auteur exploitant au mieux son «jardin<br />
», à savoir un imposant corpus de 300 de ces monographies locales<br />
qu'il dépouille depuis de nombreuses années. On notera simplement<br />
qu'elles sont des sources tout aussi officielles et partiales que le shilu, sans<br />
parler de leurs lacunes et de leur manque de fiabilité (voir p. 14-15). Si<br />
Brook en est venu à penser qu'il faut minimiser le rôle de l'État sous les<br />
Ming, c'est bien parce qu'il est influencé par sa lecture des monographies<br />
locales, dans lesquelles ce rôle apparaît de façon moins immédiate que<br />
dans le shilu.<br />
Perdue considère que les « chefs de digues » (tizhang ijkM), au Jiangnan, à la<br />
fin des Ming, ont repris le rôle fiscal autrefois dévolu aux « chefs d'impôt »<br />
(liangzhang USi). Cf. Exhausting the Earth, Harvard University Press, 1987,<br />
p. 180.<br />
2 Lan Li US - qui, sous Kangxi, tenta avec quelques résultats d'introduire<br />
l'agriculture en champs inondés dans la région de Tianjin - aurait pu être cité<br />
aussi. Voir Zheng Kesheng, Ming Qing shi tanshi ^tM^lWfi., Beijing :<br />
Zhongguo shehui kexue chubanshe, 2001, p. 410-414 (l'article sur Lan Li date<br />
de 1980).<br />
3 Les deux premiers mériteraient une petite étude qui, à ma connaissance,<br />
n'existe pas. Xu Zhenming soumit un projet d'agriculture inondée autour de<br />
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