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Comptes rendus<br />
Wang Jiann-Yuh parue chez Denoël en 1998 sous le titre Fleurs de<br />
Shanghai, celui du film de Hou Xiaoxian diffusé cette année-là. Mais ces<br />
189 pages ne contenaient que celles censées avoir un rapport avec le film<br />
alors que les 64 chapitres du roman-fleuve sont dûment traduits dans la<br />
version anglaise. Le prologue, en revanche, préservé en français mais jugé<br />
conventionnel par Eileen Chang (Zhang Ailing ^&S5v, 1920-1995), y a<br />
été supprimé, malencontreusement puisqu'il explicite le titre, il est vrai en<br />
chinois. Ces «fleurs sur la mer» sont évidemment un anagramme de<br />
Shanghai, soulignant une caractéristique du roman que Patrick Hanan avait<br />
relevé, montrant la dette du roman envers le Fengyue meng MM 3? (Rêve<br />
d'amour), un ouvrage de semi-fiction préfacé par son auteur en 1848 mais<br />
peut-être imprimé seulement en 1883, et qui décrit les maisons de courtisanes<br />
de Yangzhou '.<br />
Curieusement, Hanan n'est cité qu'en quatrième de jaquette et ne figure<br />
ni dans le stimulant avant-propos de David Der-wei Wang ni dans la<br />
quinzaine de références incluant la traduction anglaise des Belles de<br />
Shanghai de Christian Henriot. In fine la vingtaine de pages d'Eva Hung<br />
sur le monde des courtisanes de Shanghai permet de mieux appréhender le<br />
roman, y renvoie et montre combien le terme sing-song girls est inapproprié.<br />
Cette concession commerciale a cependant le mérite d'évoquer un<br />
monde aboli, mais il n'est pas sûr que la traduction systématique des noms<br />
propres, sauf patronymes, sans distinction de sexe et de statut (p. 25 :<br />
« Whistler Tang made Prosperity Luo sit down »), n'ajoute pas au sentiment<br />
de confusion, alors que les personnages se chiffrent par centaines<br />
dans le dédale d'une topographie qui devient surréaliste.<br />
Dès 1926, Hu Shi avait publié une édition savante de ce chefd'œuvre<br />
de la littérature shanghaienne, qu'il plaçait très haut, sur le même<br />
plan que le Hongloumeng et au-dessus du Rulin waishi par sa construction<br />
organisée. En avait-il convaincu le public de ses lecteurs ? Le roman reste<br />
touffu, difficile, d'un réalisme froid, dépourvu de la pornographie qui fait<br />
l'attrait d'un Jiuweigui AJUÉà (1911) 2 . Surtout, les dialogues, qui occupent<br />
une place considérable, sont, selon les personnages, en un dialecte<br />
peu compréhensible en dehors de la région de Shanghai. Eileen Chang y<br />
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