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Comptes rendus<br />
longueur des pièces, didascalies, indications de mise en scène) qu'il fallait<br />
faire preuve d'ingéniosité pour en imprimer les œuvres à l'intention d'un<br />
large public. Carlitz met au jour toute une communauté active de lettrés du<br />
Jiangnan partageant la passion du théâtre, et qui se sont attachés à réécrire<br />
d'anciennes pièces et à en publier, que ce soit leurs propres pièces ou<br />
celles d'autres dramaturges. Comme tous les autres genres, à partir de la<br />
fin du XVI e siècle le théâtre a rencontré le monde de l'édition et s'est donc<br />
commercialisé au point que les éditeurs se livraient une concurrence effrénée<br />
pour publier des pièces ou des extraits de pièces.<br />
Evelyn Rawski aborde une question indirectement liée à celle de<br />
l'ethnicité mandchoue : la publication en Chine ou aux marges de la Chine<br />
d'ouvrages en langues étrangères, y compris les textes chinois traduits.<br />
L'impact de ces publications sur les Chinois et les non-Chinois fut double :<br />
intégration culturelle mais en même temps affirmation d'identités<br />
culturelles propres. Les cas ont largement varié. Les publications en<br />
tibétain étaient surtout religieuses. Le cas mandchou est particulier : les<br />
Mandchous ont rapidement été intégrés culturellement, mais publier dans<br />
leur langue était un moyen d'affirmer la culture mandchoue (avec des<br />
conséquences encore visibles au XX e siècle). Le mandchou a aussi servi de<br />
langue intermédiaire pour tous les non-Han qui voulaient accéder à la<br />
culture chinoise. Les Mongols ont publié en mongol leur histoire pour<br />
contrer l'affaiblissement de leur identité culturelle. La censure de la<br />
littérature populaire chinoise par les autorités Qing a été contournée par les<br />
Mandchous et les Mongols grâce à la circulation de traductions<br />
manuscrites.<br />
Xu Xiaoman braque le projecteur sur un genre particulier : les généalogies.<br />
Xu rappelle en introduction les visées d'une généalogie<br />
(circonscrire la lignée pour prévenir les usurpations d'identité, vanter<br />
son pedigree) et combien la compilation de généalogies fut encouragée<br />
officiellement par le gouvernement Qing. Puis il s'intéresse - c'est la<br />
partie novatrice de l'article - à la compilation des généalogies : son processus,<br />
la distribution des rôles, la fréquence de publication (généralement<br />
tous les 30 ans), le financement, la diffusion (limitée généralement aux<br />
membres du lignage, avec souvent interdiction de vente), les règles de<br />
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