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Comptes rendus<br />
caractérisent le « roman missionnaire » en général : sa propension, à<br />
compter de 1850, à s'adresser davantage à un public d'enfants qu'aux<br />
lecteurs adultes, et sa tendance à délaisser peu à peu les formes traditionnelles<br />
du roman chinois pour des formes s'inspirant directement du roman<br />
étranger.<br />
Deux autres essais, « Le premier roman traduit en chinois » et « Les<br />
œuvres de fiction traduites dans les premiers temps du Shenbao », sont<br />
réservés aux hommes qui gravitaient dans l'orbite du Shenbao ^$g (Les<br />
Nouvelles de Shanghai), journal missionnaire basé à Shanghai. En mai et<br />
juin 1872, alors qu'il n'existait que depuis quelques semaines, le Shenbao<br />
publia dans ses colonnes des extraits traduits de Swift, Washington Irving<br />
et Frederick Marryat, et dès l'année suivante, et jusqu'en 1875, la revue<br />
qui lui était associée, Yinghuan suoji ïlUïïitfB (Notes diverses sur le<br />
monde), l'ancêtre des magazines littéraires en Chine, proposa en feuilleton<br />
la version chinoise intégrale d'un long roman, Xinxi xiantan HJf ^Hffifè<br />
(Propos oisifs du matin au soir). Le titre de l'œuvre originale, pas plus que<br />
le nom de l'auteur, n'étaient mentionnés, et Hanan les révèle : il s'agit de<br />
Night and Morning (1841) le roman du Britannique Edward Bulwer<br />
(1803-1873). Il identifie à leur tour les traducteurs, qui seraient Edward<br />
Major, le propriétaire-gérant du Shenbao, et Jiang Qizhang, un de ses deux<br />
éditeurs en chef. Adoptant l'approche descriptive-explicative des<br />
Descriptive Translation Studies (dans l'optique de Gideon Toury), où la<br />
traduction est conçue comme processus, produit et fonction, Hanan<br />
compare le travail des gens du Shenbao à celui de Lin Shu. D'où il ressort<br />
que celui qui « assimile » le plus n'est pas celui qu'on croit, et que Lin<br />
Shu, dont on raille avec raison les libertés qu'il prenait avec le textesource<br />
- omissions et autres altérations volontaires -, a davantage veillé à<br />
en préserver les traits et le contexte culturel que ne l'ont fait ses devanciers.<br />
Dans l'essai intitulé « Le Nouveau Roman avant le Nouveau Roman :<br />
le concours de fiction de John Fryer », Hanan s'arrête sur un troisième<br />
mode d'intervention occidental, mais dont l'effet sur le roman chinois a eu<br />
des répercussions plus immédiates : le concours littéraire, et doté d'un prix<br />
en argent, organisé en 1895 par John Fryer (1839-1928), sujet britannique<br />
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