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Comptes rendus<br />
Résultat de recherches menées par Frank Dikôtter, Lars Laamann et<br />
Zhou Xun, Narcotic culture se rattache très explicitement, dès son introduction,<br />
à la question de la consommation.<br />
Dans sa perspective générale, le livre offre deux intérêts principaux.<br />
En adoptant dans les premiers chapitres un point de vue géographiquement<br />
élargi, il remet d'abord bien en perspective la consommation d'opium en<br />
Chine aux XVIII e et XIX e siècles. En effet, la consommation d'opiacés<br />
était alors également largement répandue en Europe, en Inde et dans<br />
d'autres pays. La Chine ne se singularisait que parce que l'opium y était<br />
non pas ingéré (pensons au laudanum de Baudelaire), mais fumé. Les<br />
auteurs reviennent, dans la conclusion, sur l'idée intéressante d'une sorte<br />
d'affinité structurelle profonde en Chine entre fumée et consommation de<br />
drogues.<br />
Sur un autre plan, bien que l'opium constitue indéniablement le plat<br />
de résistance, l'ouvrage s'ouvre largement à la question encore trop peu<br />
explorée des drogues d'un genre nouveau qui apparaissent à la fin du XIX e<br />
siècle (morphine, héroïne). Ces substances s'imposèrent alors comme une<br />
alternative nouvelle à l'opium. Le chapitre consacré à la morphine suggère<br />
que, consommée en injections, cette drogue a été bien accueillie par les<br />
consommateurs chinois grâce à un terreau culturel favorable. En effet,<br />
s'apparentant à l'acuponcture, le procédé apparaissait d'emblée à la population<br />
comme familier et revêtu de connotations positives.<br />
En guise de problématique, les auteurs annoncent leur volonté de<br />
démonter le mythe d'une Chine anémiée par la consommation d'opium,<br />
avec tous ses avatars : la fumerie comme lieu infâme, le consommateur<br />
systématiquement rendu à l'état de squelette, la nécessité pour lui<br />
d'augmenter indéfiniment sa dose quotidienne de drogue, etc. Au contraire,<br />
ils insistent sur les bienfaits de l'opium comme remède. La démonstration<br />
est bien menée, même s'il faut signaler que le terrain était déjà balisé par<br />
un historien comme Richard Newman. Etrangement, les fumeries sont<br />
traitées en quatre petites pages très impressionnistes, alors qu'elles n'ont<br />
pas encore fait l'objet d'études sérieuses. Elles auraient à l'évidence mérité<br />
un meilleur sort, dans la mesure surtout où ces lieux représentent un<br />
enjeu vital dans l'élaboration d'une culture de la drogue.<br />
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