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Comptes rendus<br />
droit évolutif, n'aient à leur disposition que des traductions de la partie la<br />
plus fixe de la législation, et non de celle qui évoluait avec la société. Une<br />
telle lacune n'est sans doute pas pour rien dans l'idée somme toute négative<br />
que beaucoup se font du droit écrit de la Chine impériale.<br />
Autre problème de taille : la place du code des Ming dans l'histoire<br />
juridique chinoise. Jiang Yonglin souligne à raison le caractère national,<br />
ou proto-nationaliste, de l'insurrection qui porta Zhu Yuanzhang au pouvoir.<br />
« Zhu succeded in driving out the Mongols and restoring Han rule »<br />
(p. xl) : est-ce une raison pour minorer ce que le code des Ming doit au<br />
droit des Yuan ? La dynastie mongole s'était singularisée par son refus<br />
initial de promulguer un code pénal, et par les importantes modifications<br />
qu'elle fit subir aux modèles chinois de codification lorsqu'elle se décida<br />
enfin à publier un gros recueil de lois pénales et administratives, le Yuan<br />
dianzhang TCrft^, The Institutes of the Yuan Dynasty selon la traduction<br />
de Jiang Yonglin 6 . En réaction contre les Yuan, le code des Ming fut<br />
officiellement présenté comme un retour au modèle « classique », le Tang<br />
lii shuyi MW$Î\MÈL, retour qui fut loin d'être purement nominal, car il<br />
s'accompagna d'une réflexion approfondie sur les catégories et les définitions<br />
héritées des commentaires (shuyi) qui étaient partie prenante du code<br />
des Tang. Pour autant, la législation des Yuan exerça une profonde influence<br />
sur celle des Ming, ce que Jiang n'admet qu'avec réticence.<br />
L'exemple le plus frappant porte sur l'organisation même du code : au lieu<br />
des douze sections (men f*1j ) correspondant aux grandes catégories<br />
d'infractions qui structuraient le code des Tang, les lii des Ming sont répartis<br />
en six parties correspondant aux grands services administratifs, les<br />
« six ministères » (liubu AR|Î). « This structure might hâve been influenced<br />
by The Institutes of the Yuan Dynasty » semble admettre Jiang (intr.,<br />
p. xlv), mais il rejette ensuite cette hypothèse (p. lxxviii) et attribue<br />
l'innovation à Zhu Yuanzhang. L'influence mongole sur la restructuration<br />
du code en « six parties » est pourtant largement admise par les meilleurs<br />
spécialistes. C'est notamment la thèse de Naitô Kenkichi, dans un article<br />
fondamental sur la genèse de la législation des Ming dont on s'étonne que<br />
Jiang l'ait ignoré, alors qu'il cite d'autres travaux de Naitô qui sont moins<br />
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