182Delphine, <strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong> du 17 juin 201112345678910111213141516171819202122232425262728293031D1 … je m’interroge sur la manière de gérer le r<strong>et</strong>our <strong>en</strong> emploiD1 pour moi, le r<strong>et</strong>our, c’est quand on est installé dans l’emploi.D2 Quand on est installé dans un emploi durable ?D2 Oui. C’est vrai que je dirais que, quand on est <strong>en</strong> recherche d’emploi, on est confrontéd’abord à des organismes, plusieurs organismes. Moi j’ai un ou deux organismes quim’ont suivie, <strong>en</strong>fin… je dirais, trois, peut-être quatre aussi. Et je dirais, que celui qui asu déceler, ou du moins qui a su pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte la pathologie, mon souhait de r<strong>et</strong>ourà l’emploi <strong>et</strong> <strong>en</strong> plus mon souhait aussi, pourquoi pas, de formation ou de réori<strong>en</strong>tation,a été un CRP. Parce que auparavant, j’étais passée par des organismes, par lesquels onvous fait faire tout un tas deee bilans, deee, je dirais, c’est des questionnem<strong>en</strong>ts, on vouspfff, <strong>en</strong>fin pour moi c’est une perte de temps, <strong>et</strong> c’est pour ne pas aboutir à l’emploi,<strong>en</strong> plus. Parce que, quelque part, vous êtes <strong>en</strong>voyée vers des organismes, <strong>en</strong>fin moi c<strong>en</strong>’est pas Pôle Emploi qui s’est occupé de moi, <strong>et</strong> je ne savais pas trop quel étaitl’aboutissem<strong>en</strong>t, les <strong>en</strong>jeux derrière. En fin de compte, il y avait quand même un <strong>en</strong>jeuderrière ça, que moi, je ne connaissais pas. Donc, évidemm<strong>en</strong>t, je partais d’un principeoù, bon voilà on va euh… on est à un mom<strong>en</strong>t de sa vie, voilà, <strong>en</strong> rupture par rapport àl’emploi, parce que, b<strong>en</strong> ça ne fonctionne pas, pourquoi ça ne fonctionne pas ? Etc. Etc<strong>et</strong> organisme-là, chez lequel j’avais été ori<strong>en</strong>tée, fait des propositions de tel <strong>et</strong> telautre organisme qui pourrait év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t vous aider dans des démarches. Mais<strong>en</strong>fin, bon ! Et, moi, je me suis trouvée dans un organisme où vraim<strong>en</strong>t, je medemandais ce que je faisais là ! Parce que le but pour ceux qui vous suiv<strong>en</strong>t, c’était devous placer, mais on ne t<strong>en</strong>ait pas compte du fait que moi à ce mom<strong>en</strong>t-là, j’att<strong>en</strong>daisune réori<strong>en</strong>tation <strong>et</strong> j’att<strong>en</strong>dais une prise <strong>en</strong> compte de ma pathologie <strong>en</strong> elle-même,euh de mon handicap. Parce que justem<strong>en</strong>t, pour moi c’était très important, parce que,par le passé, le handicap avait déjà joué, je dirais, un rôle très important. (…) J’aicomm<strong>en</strong>cé ma vie professionnelle après mes études <strong>et</strong> le choix des études s’est portésur, <strong>en</strong> fait y pas eu tellem<strong>en</strong>t de choix à l’époque, parce que on m’a <strong>en</strong>voyée vers untravail qui correspondait plus à la vision des autres, non pas à la mi<strong>en</strong>ne. On ne m’apas dit, « voilà, vous pourriez faire ça ou ça », non on m’a dit « vous pouvez fairesecrétaire » <strong>en</strong>fin bon, « y a que ça qui serait bi<strong>en</strong> pour vous parce que vu votre état cequ’il sera à l’av<strong>en</strong>ir, de toute façon, y a que ça ». Et depuis, je me suis aperçue qu’il y a
18332333435363738394041424344454647484950515253545556575859606162d’autres personnes, même des amis, qui ont la même pathologie que moi, le mêmehandicap, <strong>et</strong> qui ont pu faire des études, qui aujourd’hui sont médecins ouorthophonistes, qui ont réussi dans la vie, ils se sont imposés, avec des difficultés bi<strong>en</strong>sûr, mais… (…) Mais <strong>en</strong>fin, moi, on m’a tout de suite casée là, <strong>et</strong> puis bon, jjj’ai trouvédu travail dans une <strong>en</strong>treprise où c’est vrai, finalem<strong>en</strong>t je m’y plaisais. Au bout de huitans, il s’est passé quelque chose. On m’a mise à travailler à l’emballage, debout !Alors, pour ne pas perdre mon poste, je l’ai fait, je n’étais pas <strong>en</strong>core <strong>en</strong> fauteuil àl’époque, mais debout, avec les appareils <strong>et</strong> les cannes parfois…. (…) Mais je voulaist<strong>en</strong>ir jusqu’au bout, je ne voulais pas perdre mon travail. Mais je n’ai pas t<strong>en</strong>u, c’étaittrop dur. En fait, j’ai appris par la suite, que l’<strong>en</strong>treprise avait été rach<strong>et</strong>ée par desétrangers, <strong>et</strong> ils voulai<strong>en</strong>t que nous partions, nous étions deux comme moi. [Mais quandmême, on a des droits j’estime, c’est pas parce qu’on a un p<strong>et</strong>it handicap qu’on est àj<strong>et</strong>er à la poubelle, <strong>et</strong> puis c’était pas mon travail.] Et puis, après ça, je crois que ça a étéun p<strong>et</strong>it peu difficile de, euh m’<strong>en</strong> rem<strong>et</strong>tre, mais je dirais que sur le coup, j’ai… j’<strong>en</strong> n’aipas pris consci<strong>en</strong>ce au départ, je continuais mon chemin parce que j’ai fait du sport dehaut niveau, jeune, ce qui m’a permis quand même toujours de me battre, d’aller del’avantD3 Hum, hum.D3 <strong>et</strong> ça m’a beaucoup aidée. Ca a fait que je ne me suis pas écroulée. [Bi<strong>en</strong> que ça a été lecas après par la suite, parce que des fois ça s’<strong>en</strong>chaîne, hein.] (…) Et j’ai r<strong>et</strong>rouvé unposte dans un autre établissem<strong>en</strong>t. Quoiqu’au début, ça a été très drôle. Je passel’<strong>en</strong>tr<strong>et</strong>i<strong>en</strong>, <strong>et</strong> le directeur me parle d’un truc à faire au premier étage ??? Alors il me ditque c’est à moi de réfléchir avant de me décider. B<strong>en</strong> il voit bi<strong>en</strong> que je ne pourrai pas !Donc, il n’y a pas de réflexion possible, c’est me direee « lève-toi <strong>et</strong> marche » presque,voilà. (rires)D4 C’est pour que la décision soit de votre côté, <strong>en</strong> fait.D4 Oui, c’est sûr. Mais pr<strong>en</strong>dre une décision quand de toute façon, y a pas d’alternative…bon. En fait, il n’avait pas <strong>en</strong>vie, <strong>en</strong> fin de compte, de pr<strong>en</strong>dre la responsabilité de dire« non », voilà. Et face à ça, j’<strong>en</strong> parlais le soir à quelqu’un <strong>et</strong> le hasard a fait qu’ilconnaissait ce monsieur. Il l’a appelé, qu’a-t-il dit ou fait, je ne sais pas, mais j’ai eu leposte, comme quoi… <strong>et</strong> plus de premier étage (rires), plus de problème, comme quoi,
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