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Langue, langage et parole en éducation - Université François ...

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84Toute organisation a un <strong>langage</strong>, elle exprime sa p<strong>en</strong>sée au travers de ses actes quidevi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t les phrases de son discours. Celui à qui l’on ti<strong>en</strong>t un <strong>langage</strong>, l’interprète avecson dictionnaire à lui. Pour repr<strong>en</strong>dre c<strong>et</strong>te phrase de Bourdieu (1982 : 16) « Le paradoxe dela communication est qu’elle suppose un médium commun mais qui ne réussit ... qu’<strong>en</strong>suscitant <strong>et</strong> <strong>en</strong> ressuscitant des expéri<strong>en</strong>ces singulières, c'est-à-dire socialem<strong>en</strong>t marquées. »nous pouvons dire que l’organisation <strong>et</strong> ses bénéficiaires ont <strong>en</strong>gagé un dialogue de sourds,puisque les messages que perçoiv<strong>en</strong>t les personnes les ramèn<strong>en</strong>t à leur traumatismes, plutôtqu’à les <strong>en</strong> extraire.Toute la communication autour du handicap dit aux personnes « vous ne pouvez pas faireseules » comme quand elles étai<strong>en</strong>t hospitalisées, ou qu’elles étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>fants. Comm<strong>en</strong>t peutonse construire dans de telles conditions ? L’organisation a oublié que ses bénéficiairesétai<strong>en</strong>t meurtris <strong>et</strong> la souffrance « ...elle déshumanise, chosifie, rabaisse l’individu <strong>en</strong> deçàde sa condition d’homme. » 86 Placée dans un état d’incertitude, la personne a déjà connu lasoumission au corps médical, pourquoi la ram<strong>en</strong>er à c<strong>et</strong>te condition ? La stratégie del’organisation a placé les personnes <strong>en</strong> état de dép<strong>en</strong>dance <strong>et</strong> martèle le discours disantqu’elles ne sont pas autonomes. Mais l’organisation a-t-elle laissé à leur autonomie la placede s’exprimer ou ne leur aurait-elle pas plutôt confisqué leur pouvoir d’agir ? Le principe dugrand stratège chinois 87 est qu’une guerre réussie est celle qui n’a pas lieu parce que l’on asu découragé nos <strong>en</strong>nemis de la m<strong>en</strong>er. Il s’applique bi<strong>en</strong> à la situation prés<strong>en</strong>te. La stratégiede l’organisation a permis l’exercice d’un pouvoir arachné<strong>en</strong> qui t<strong>en</strong>d à paralyser le pouvoird’agir de ses bénéficiaires.III.4.6 SynthèseNous voyons que pour les personnes handicapées, ri<strong>en</strong> n’est simple. Ce qui parait paradoxalc’est que les différ<strong>en</strong>ts acteurs de l’organisation <strong>en</strong>courag<strong>en</strong>t les personnes à v<strong>en</strong>ir se fairereconnaitre, ils prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t la RQTH comme un avantage dont le plus significatif serait debénéficier de bilans, de formations, <strong>et</strong> d’un circuit de l’emploi spécialisé, ce qui suscit<strong>en</strong>ombre d’interrogations. On pourrait dire de façon imagée, que la RQTH serait la garantiequ’on ne vous laissera pas tomber, <strong>et</strong> qu’on va vous guider. Pour aller où ?86 Bouilloud, J.P., D. (2009). Vivre la souffrance : d’une perte à une pot<strong>en</strong>tialité de s<strong>en</strong>s. P176. In Giust-Desprairies F. & de Gaulejac V. (dir). La subjectivité à l'épreuve du social : hommage à Jacqueline Barus-Michel. Paris : L'Harmattan, pp117-12787 Sun Tzu, qui aurait vécu à la fin du VI e siècle av. J.-C.

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