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Langue, langage et parole en éducation - Université François ...

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52Il y a là un paradoxe, quand on sait que les cours de communication que l’on disp<strong>en</strong>se auxprofessionnels des fonctions commerciales ou mark<strong>et</strong>ing ont parmi leurs objectifs celui deleur faire perdre, tant que faire se peut, toute formulation négative : on ne dit pas « je ne suispas là », on dit « je suis abs<strong>en</strong>te » ou « je serai de r<strong>et</strong>our le… ». C<strong>et</strong>te contrainte a pourmérite de vous prédisposer à rechercher des mots à inclure dans une formulation positive.En l’état de notre vocabulaire, puisque infirme est tombé <strong>en</strong> désuétude, que défici<strong>en</strong>cesemble inadapté, lui substituer handicap semblerait, le choix le plus judicieux, puisque luinon plus ne dévoile pas sa nature <strong>et</strong> lui n’est accolé à aucun préfixe négatif ni adjectifréductif. Réducteur, il l’est par lui-même. Mais alors, quelle formulation employer <strong>en</strong>parlant de quelqu’un, doit-on dire qu’il est handicapé ou qu’il a un handicap ?Etre ou avoir ?Nous sommes <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce de deux auxiliaires. Par définition, ils devrai<strong>en</strong>t nous aider àcomposer la bonne nuance dans la complexité de notre <strong>langage</strong>. La difficulté avec eux, c’estque ce qui les suit ne s’accorde pas sur le même registre. Etre, c’est exister ; avoir, c’estposséder.Si je suis, j’accorde l’adjectif qui m’accompagne « je suis handicapée », ce qui acc<strong>en</strong>tue<strong>en</strong>core l’interdép<strong>en</strong>dance <strong>en</strong>tre « moi » <strong>et</strong> « ce que je suis ». Si j’ai, ce qui suit ne nécessitepas l’accord puisqu’un article vi<strong>en</strong>dra nécessairem<strong>en</strong>t préciser la chose « j’ai un handicap »,c<strong>et</strong>te formulation conserve la distance nécessaire avec la condition énoncée.Avec l’article, l’adjectif devi<strong>en</strong>t substantif <strong>et</strong> r<strong>en</strong>force l’idée que l’on cherche à nousid<strong>en</strong>tifier ou à nous id<strong>en</strong>tifier nous-mêmes. Si je suis une handicapée cela suppose que nousayons défini les critères de c<strong>et</strong>te condition. Si je suis une, soit je considère que j’apparti<strong>en</strong>sà, soit, énoncé par un tiers, il considère que j’apparti<strong>en</strong>s à, donc il vi<strong>en</strong>t de me catégoriser,<strong>et</strong> si par mégarde je rev<strong>en</strong>dique ce statut, je contribue à mon propre rattachem<strong>en</strong>t à c<strong>et</strong>tecatégorie Je suis incarnée <strong>en</strong> « Handicapée ». Alors que si j’ai un handicap, je le possède, jel’ai avec moi, je peux le regarder, le toucher, il n’est pas moi, il est à moi, il m’apparti<strong>en</strong>t. Ladistance <strong>en</strong>tre nous existe. On pourrait dire que c’est l’article qui montre du doigt,subséqu<strong>en</strong>t au verbe être, il désigne le stigmate mieux que personne « c’est un handicapé ».C<strong>et</strong>te formulation personnifie la discrimination quand elle concerne un être humain. Pourqu’elle ne le soit pas, soit on relaye le handicap au rang d’adjectif <strong>en</strong> suite de l’être, soit aurang d’attribut de l’avoir. Nous ne pouvons être <strong>en</strong> substance « des handicapés ». Noussommes des hommes atteints d’un handicap, ne nous y trompons pas.

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