Le Merblex

table musée… Philippe collectionne les obus et l’aîné les momies…
Je vais faire valser tout ces ramasse-poussières aux ordures,
pas plus tard que demain…
– Quand y vont voir ça…
– Quoi, c’est pas eux qui font le ménage… je ne vais tout de
même pas payer une bonniche pour entretenir ça.
– Ils ont déjà pas grand chose… mais, bon, fait comme tu
veux, conclut Léopold. »
J’avais la manie de m’hypnotiser en me curant le pif ; geste
d’inquiétude, aucune remontrance ne parvenait à empêcher mes
explorations nasales. À cet effet, la Bouche inventa un jeu de
mots. Je n’étais plus l’aîné mais, « laid nez ».
« Qui a fichu tout ce désordre ?
– C’est laid nez.
– Eh, l’archéologue, tu fais des fouilles ? Hé laid nez, tu
nettoies la salle de danse ? »
Du côté « quart de brie », Clara n’avait cependant pas été
oubliée. Son beauf’, un jour de colère, le lui avait cassé en la
frappant avec un objet contondant. Aussi, par réaction à ses
coups de gueule et pour la punir d’avoir balancé nos affaires à la
poubelle, nous l’avions l’affublée d’un sobriquet piquant. Lorsqu’elle
nous écharpait, aussitôt dégagés de ses griffes, on scandait
:
« Grosse Nasse ! Grosse Nasse ! (gros nez) en appuyant
bien chaque syllabe avec toute la trivialité dont nous étions capables.
Ca serait à qui ferait le plus bouillir Grosse Nasse et
nous n’étions satisfaits que lorsque nous la voyions écumer. Une
haine bien entretenue, bien vivante, cultivée avec amour, ne
pouvait qu’empoisonner de l’intérieur sa propriétaire, l’instinct
nous le disait.
« Grosse Nasse ! Grosse Nasse ! »
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