25.06.2013 Views

Le Merblex

Le Merblex

Le Merblex

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

« Mais comment ai-je pu attraper cette saloperie-là, moi ?<br />

s’effarait la Bouche presque à chaque respiration. J’ai fait la bataille<br />

des Ardennes et il ne m’est jamais rien arrivé ! »<br />

Y’avait qu’une seule explication possible : elle avait été piquée<br />

par une bête ! Une mygale ou un putain de moustique tropical<br />

planqué dans un régime de bananes, arrivé tout droit<br />

d’Afrique jusqu’à l’étalage de l’épicerie. <strong>Le</strong>s « nègres » du Congo<br />

se vengeaient de la colonisation, voilà !<br />

« Quand mon frère est allé là-bas, c’était des sauvages,<br />

clamait-elle. Ils fauchaient la motte de beurre dans le frigo et<br />

creusaient l’intérieur pour le bouffer… comme si on s’en apercevrait<br />

pas nous ! <strong>Le</strong>s blancs… T’imagines, on va là-bas pour leur<br />

apporter la civilisation et ils nous refilent la lèpre de Mobutu !<br />

tu parles de remerciements… »<br />

La Bouche jouait son texte à chacun de nos visiteurs, campée<br />

devant la cheminée décorée d’une paire de défenses<br />

d’éléphant et pour un peu, on l’aurait cru. Moi, je lui avais bien<br />

donné ma version, mais elle y croyait pas… C’était pourtant la<br />

bonne, à savoir que lorsqu’on s’énerve ou que par d’inavouables<br />

pratiques, l’on transgresse certaines lois naturelles, la température<br />

du corps baisse. On donne alors prise aux virus et c’est la<br />

maladie. Ce n’était ni plus ni moins qu’un problème thermique.<br />

Clara s’est goinfrée le traitement – qui lui coûtait « un os »<br />

– prescrit par le docteur, en jurant les grands dieux qu’une fois<br />

rétablie, elle bazarderait « la poule aux œufs d’or » à un Congolais.<br />

Y z’étaient pourris les « œufs » d’la poule. Elle redeviendrait<br />

simple particulière, voilà ! Et, elle n’en ficherait plus une !<br />

Dorénavant, elle se la coulerait douce, qu’elle disait. Quant aux<br />

bananes elle n’en mangerait plus une seule de toute sa vie !<br />

« Et, vous me connaissez… quand je dis quelque chose… »<br />

– 180 –

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!