Le Merblex

notre cabine les jours précédents. Capri c’est fini… Deuxièmement,
j’avais ronflé la nuit. Troisièmement, j’étais resté trop
longtemps sous la douche la veille, sans penser à mes copains
qui trimaient. Quatrièmement, je n’avais pas vendu une seule
place pour la course d’éléphants de Matadi ! Enfin, Capri c’est
fini… Fallait bien un cinquièmement : j’avais le matin même
pris la petite cuillère à café de Charlotte pour tourner dans ma
tasse sans lui en demander l’autorisation s’il vous plaît ! Capri
c’est fini… Aussitôt après le verdict, on me dévêtit, on me fit
avaler une mixture alcoolisée indéfinissable, on me rasa les
poils du pubis, on me teignit le visage de cirage noir, on me barbouilla
les cheveux et les coyons d’un cocktail à base de sang de
poisson, de sauces diverses et de produits d’entretien. Comme
mes réponses ne leur suffisaient pas, on me peignit le thorax en
rouge… Capri c’est fini… Dans la cabine voisine, un autre récipiendaire
peint en vert, celui-là, attendait… On l’amena, on
nous mis l’un contre l’autre, et Neptune s’écriât :
– Allez-y Bambinos, faites du bleu !
– J’peux plus, plus m’ret’nir, que je leur suffoquais. Excusez…
Et crac, je me mis à renarder sur les pieds de Neptune.
J’avais prévenu… fallait pas me forcer à picoler.
– Qu’on le décalotte et qu’on le masturbe ce petit con, ça lui
apprendra ! criait une fofolle.
– Non, son cul, son cul ! On veut voir si elle est encore
vierge comme elle le dit, glapissaient les autres !
À ce moment là, je sus vraiment ce que signifiait le mot
« paranoïa »… Capri c’est fini…
Après avoir calmé le jeu, Charlie s’est déloqué lui aussi, y
m’a soulevé pour me transporter jusqu’aux douches, comme on
enlève une mariée. Les autres folles vociféraient qu’elle se réservait
la plus belle part du gâteau, mais personne n’osait le contrer
vraiment, parce qu’elle n’était pas seulement forte en
gueule, elle était baraquée ma Charlie.
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