Le Merblex

est Merblex ! Y suffirait qu’ils acceptent notre différence pour
que tout s’arrange, mais ils ne veulent pas, les autres. Toutes ces
circonstances font enfin dire de nous que l’on est « de trop au
monde »… Euphémisme s’il en est… On est toujours « de trop
au monde » quand on vient pour le changer.
La première fois que l’on se prend une beigne, on comprend
immédiatement que l’on fait peur aux autres, qu’il y a des
limites à ne pas franchir, comme par exemple en savoir plus
qu’eux. Or, le but de l’existence d’un Merblex, ô ! grand paradoxe,
consiste justement à se « dépasser », en éveillant les gens.
C’est pour cela qu’on nous parachute sur le green terrestre.
Au début, on apprend à mesurer l’air que l’on respire pour
pas que les autres en manquent. On fait gaffe à pas trop couiner
pour pas effrayer… À pas marcher trop vite pour pas doubler les
limaces… On a peur de dire un geste de trop, de faire un mot de
travers. Lorsqu’on se conforme, la vie semble plus douce alors,
mais c’est un jeu très dangereux parce que l’on risque de devenir
comme ceux à qui l’on veut plaire, sans plus exister soimême.
Au monde, faut traire comme on nous dit de traire, parler
comme on nous l’apprend, écrire comme on nous dit d’écrire,
pour tous avoir le même programme dans le comprenoir ! Voilà.
Et il en est ainsi tant que l’on vit dans la terrestréité, parmi ces
« usagers du bonheur » que sont les Occidentaux. (Occidentaux
: Surnom péjoratif, synonyme de zombie, donné aux défunts
« habitants des cercueils » dans l’Égypte Antique.). Ce ne
sont que quelques exemples… On en a encore plein d’autres des
expressions poétiques comme celles-là ! C’est nouveau, ça
change, ça fait joli. Au monde, ça les gêne. On se demande bien
pourquoi ? Les « êtres nu-mains », ont, il est vrai, la fâcheuse
habitude de limiter ce qui est à priori sans limite. Pour un Merblex,
au contraire, il n’y a aucune limite et la peur, on connaît
pas. On a peur d’avoir peur, c’est toute la différence.
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