Le Merblex

De l’autre côté, on ne vomit plus, c’est déjà un avantage.
Très vite, je sus que je me trouvais parmi les déliés parce que je
n’avais plus de phallus. Il avait pénétré mon vagin intérieur,
comme une force, pour faire de moi un être solarisé, but ultime
de la vie.
Farid Khasnoûb disait que « le fruit de l’Homme est luimême
»… À cet instant, je pris réellement conscience de la
forme véritable de mon habitant… auquel jusque là, j’attribuais
une forme identique à celle de mon enveloppe charnelle, mais,
uniquement parce que j’y étais habitué. Or, si les humains poussent
autour de leurs yeux au début de leur développement, on
peut dire qu’ils ne sont plus qu’un œil à la fin de leur odyssée
terrestre. Une petite sphère ovoïdale, pas plus grosse qu’une
pastèque. Un œuf cosmique ! Le Merblex venait de tomber là
haut… comme un fruit mûr… pour naître dans l’autre monde,
comme on dit, repu de celui des apparences… y serais-je « de
trop » ?
La tribu s’est mise à prier tous azimuts pour me faire redescendre,
mais mon bonheur n’était plus de leur monde. Ils
enfilaient les Paters à une allure incroyable, tandis que leurs
serpentins partaient dans tous les sens.
Un prêtre est venu réciter ses oraisons. On est « poussière
et l’on retourne en poussière » qu’y disait… Paroles d’athée… En
vérité, nous sommes lumière et l’on retourne à la lumière. Je
savais maintenant que les anciens n’employaient le mot « poussière
» que pour imager l’esprit volatil qui est en chaque vivant.
Bien des croyances humaines apparaissent ainsi comme
des erreurs, après… « Il en est de même du tribunal de Dieu »…
Les défunts se jugent eux-mêmes. Il n’y a pas de juges plus sévères
pour les habitants des cercueils, qu’eux-mêmes. De ma
place, je déchiffrais très nettement la différence qu’il y a entre
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