Le Merblex

– Parce qu’on dérange, c’est tout. Les homos sont les juifs
de la sexualité, vois-tu, ma grande. Mais faut pas croire que
Monsieur muscle nous fasse peur. Nous formons un cercle privé.
Il ne tient qu’à toi d’en faire partie. Chez nous, l’entraide, ça
compte figure-toi. Et sais-tu pourquoi morpion ?
– Parce que vous avez un truc que les autres n’ont pas, je
suis sûr Charlie…
– Exactement, tu as tout compris. Qu’est-ce que tu es intelligente.
Ben figure-toi Merblex, que notre « truc », comme tu
dis, c’est encore cette sensibilité, cette subtilité d’esprit, ce
charme que l’on dit corrompu ou corrupteur, mais qui manque
au vulgaire, comprends-tu ?
– Ca ne te fait rien quand on t’insulte ?
– Des mots, des mots, encore des mots, toujours les
mêmes… Mais, patin couffin (il n’y a rien à faire.), la connaissance
figure toi, ça se paye cher. Tout ce que je sais, c’est qu’on
leur vend du rêve à tous ces machos. Heureusement, je connaissais
mes classiques, je l’avais lue moi, la lettre aux Corinthiens !
Y pouvaient toujours m’en repasser de la vaseline à la fraise… Je
voulais pouvoir me retenir moi, serrer le croupion quand
j’attraperai la courante ! Elles s’en rendaient pas compte les tatas,
mais à force de s’enfiler des kilomètres d’andouilles pour se
donner l’impression de prendre le train, elles se créaient bien
des problèmes hormonaux. Vivre comme « elles » ou avec un
pétard dans le derrière, c’était tout kif. Après, quand ils étaient
bien éculés, fallait qu’on les recouse avec des joints de robinetterie
en caoutchouc ou qu’ils se baladent jusqu’au jugement
dernier avec des couches culottes, merde ! D’ailleurs, j’étais fragile
moi, du côté hémorroïdes, fallait pas me les chatouiller,
même avec une feuille de rose. Même pas une botte de céleris
qu’elles me mettraient à moi ! Même pas un poireau ! Pas même
une carotte ! Pas un radis, les chochottes, que dalle ! Je les aimais
bien n’empêche, c’était une variété de Merblex après
tout. »
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