Le Merblex

d’une faute originale ? À mes yeux, la comédie du bonheur
n’était qu’une parade tendant à prouver que la « faute » des
premiers hommes était enfin rachetée… puisqu’à la fin du
compte, l’ère moderne ne faisait rien moins que de promettre le
rétablissement du paradis sur terre. Cette idée, loin de leur apparaître
comme celle du « faux bonheur », les motivait au point
de les rendre chaque jour un peu plus ambitieux. Ah, si seulement
ils avaient connu Maât. Elle aurait fait d’eux des paradisiers.
Mais ils étaient trop fiers pour s’avouer que la plupart des
malheurs du monde provenaient de leur bonheur fabriqué. Ils
trichaient donc, perpétuant ainsi la « faute leurre », qui n’était
le fait ni d’Ève, ni d’Adam, mais le leur. Ah, s’ils avaient reconnu
qu’ils trichaient et se leurraient de bonheur… Impossible,
puisque leurs valeurs étaient précisément leurs leurres, nôtres,
vôtres, leurs, nos, voleurs !
Ainsi partout où le modernisme s’imposait, les commerciaux
mangeaient la vie. C’est ce qu’ils appelaient être réaliste.
Mais, le réalisme n’est rien d’autre que d’accepter ce qui est,
sans chercher à l’améliorer ! Tous confondaient quantité et qualité
! Salut et bonheur ! Je les faisais bien rigoler avec mes tirades,
moi l’utopiste ! Or, la vraie utopie c’est de croire qu’en
parvenant aux positions dominantes de la société des loisirs et
de la consommation, on puisse atteindre le bonheur ; comme il
était aussi erroné dans l’antiquité Égyptienne, de s’imaginer que
pour jouir véritablement de la « vie éternelle » après la mort, il
fallait sur terre s’être fait bâtir un tombeau confortable et de
grand prix.
« On comprend rien à ce que tu racontes, si tu crois que
c’est en jouant les idéalistes ou les redresseurs de tort que tu vas
trouver du boulot ? Je vais te trouver une place de « représentant
» me balançait la Bouche.
– C’est pourtant pas difficile… je dis qu’avant, les gens économisaient
pour s’offrir un super caveau où ils vivraient éternel-
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