Le Merblex

– Tu vas clouer ton bec oui ? Ferme ta boîte je te dis ! ordonnait
Léopold, dont le volcan restait en activité.
– C’est du bonheur que je voulais moi, du bonheur… »
À l’entendre, il semblait que la fatalité servait d’engrais à
notre généalogie. Cette fatalité programmée, qui se transvasait
de génération en génération. Et jusqu’à ce que le silence
s’empare de la scène, elle poursuivait avec cette prolixité qui
n’était qu’à elle :
« Non, je ne la fermerai pas, mais Satan faites-moi donc
crever ! »
Mais avec le diable on ne crève pas, justement. On reste
endiablé jusqu’à la fin de ses organes ! Tant qu’ils tiennent, on
vit possédé.
Elle faisait ainsi monter la tension jusqu’au moment où elle
pivotait sur ses talons comme une danseuse étoile pour lancer
avec des accents de tragédienne grecque :
« Tu me le payeras salaud, je me vengerai ! »
Dans sa bouche, je n’étais qu’un alien, du plus bas échelon
de l’espèce inhumaine. Je comprenais alors que sa grossesse
n’avait été qu’une grave maladie et moi une tumeur suintée de
ses ovaires… Un Merblex dont les cellules proliféreraient jour
après jour, malgré les vociférations toxiques, écœurant !
Y voulait tout faire valser encore, lui, le père, bousiller tout
le caillon, la massacrer, lui refoutre une trempe, si elle ne fermait
pas son clapet ! Il allait lui faire voir, comment il
s’appelait !
« C’était pas ma faute tout ça à la fin des fins ! qu’y lui jactait,
à l’autre tarée ! »
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