Le Merblex

comme un nouveau-né, je découvrais l’horizon dans lequel mon
œil venait d’émerger : « Donne » était son nom !
Farid Khasnoup venait d’ouvrir au Merblex profane que
j’étais la première porte du sanctuaire des mystères d’Osiris.
D’autres restaient encore à franchir pour tout en connaître…
Pour cela sans doute, me faudrait-il subir encore des épreuves ?
Je n’étais pas bavard à cette heure, je mastiquais la leçon du
maître. Je soustrayais, j’analysais, ramenant à ma logique
l’expérience que je venais de vivre. Farid lâcha quelques mots,
comme s’il me les donnait en pâture, histoire d’apaiser ma
conscience prisonnière de son cercle d’énigmes.
« Je t’ai fait une bonne blague, hein mon fils ? On a bien
joué tous les deux ? C’était comme au vrai cirque. Les enfants
aiment toujours jouer avec moi. Et tu vas voir, on va faire
comme ça des jeux toujours plus difficiles. On verra qui saute le
plus haut, comme ça ?
– Ok, pas de problème.
– Ne sois pas sensationnel Henri, sois seulement toimême.
Tu savais, tu vas connaître. C’est seulement du cirque…
– Il y a tant de choses que…
– Il est bon d’avoir des « pourquoi », car cela prouve que
l’homme aspire à connaître et à devenir meilleur. Mais je n’ai
pas de réponse à donner à tes « pourquoi », je suis seulement
celui qui apporte l’eau, la glaise et la paille pour faire les
briques ; toi seul peut bâtir ta Maison-de-Vie. »
La traversée de ce bassin m’apparut comme un retour dans
le milieu aqueux de ma vie intra-utérine, à l’époque où je commençais
seulement à pousser autour de mon œil… alors même
que Clara se demandait comment elle allait s’y prendre pour me
« faire partir »… Cette idée s’était imprimée en moi tandis que
je me débattais au milieu des eaux troubles…
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