Le Merblex

de la cérémonie, Clara, toujours soucieuse de préserver sa tranquillité,
ne se privait jamais de menacer :
« Entre parenthèses… je vous signale que si vous n’obéissez
pas, vous ne ferez pas votre communion. »
Lorsque nous demandions à Léopold ce qu’il pensait du
jour béni où nous serions consacrés à la religion, et qui selon
l’avis général, s’inscrirait dans notre incarnation comme le
« plus beau jour de notre vie », il en profitait pour nous prêcher
sa philosophie du cyclamen. De son temps… lorsque notre
grand-père demanda à son fiston s’il préférait faire sa communion
ou avoir une bicyclette, Léopold choisit aussitôt la bécane.
Cette vision personnelle n’influença pourtant pas la nôtre, nous
continuâmes donc à suivre le catéchisme.
Pendant ce temps, Clara se débattait avec les préparatifs du
grand jour, sans parvenir à décider si nous serions vêtus de
courts ou de longs pantalons ? Nous avions hâte de cacher leurs
cuisses de gamins, on espérait fichtrement que la seconde option
serait la bonne, mais…
« Ca sera des courtes ! Voilà c’est décidé, les autres me coûtent
le double. Et me harceler serait inutile. »
Elle nous coupait les pattes ! Un froc pour deux, fallait pas
y penser puisqu’on devait goûter au ciboire le même jour ! Clara
dût nous traîner de force chez le tailleur le jour des retouches.
Ca n’est qu’au moment où nous sentîmes glisser nos momies
dans le tergal frais que nous retrouvâmes le sourire. À la maison,
elle nous fit essayer à nouveau nos costumes puis, l’œil
humide, les mains jointes entre ses genoux, le buste penché en
avant, elle se mit à sangloter comme une giroflée.
« Pourquoi tu pleures demandions-nous ? En entourant de
nos bras son cou vibrant.
– Oh, c’est pas grave, pas grave. Maman repensait seulement
au jour de sa communion… Je ne voudrais pas vous gâcher
votre plaisir.
– Si, dis-nous ?
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