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Le Merblex

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<strong>Le</strong> silence s’empara de nous, mais sa dernière phrase résonnait<br />

encore. C’était donc cela les ténèbres du duat… cette<br />

noirceur opaque à couper au couteau, contraire à la Lumière,<br />

mais nécessaire pour qu’elle se manifeste ? La nuit laissait au<br />

moins espérer la lueur de quelques astres… Au reste, comment<br />

pouvions-nous dire : voici la lumière si elle ne rencontrait<br />

d’opposition ? Aux ténèbres véritables n’a pas goûté, qui n’a<br />

connu que la nuit…<br />

Tel Osiris aux membres dispersés, déstructurés, sans contour<br />

ni repère… je restais là à épier l’absolu assis dans les ténèbres.<br />

Peu à peu, l’impossibilité de voir à l’extérieur me renvoyait<br />

à mon univers intérieur ; seul le monde invisible avait<br />

consistance.<br />

Ma peau était-elle encore blanche ou comme moi devenue<br />

aveugle ? Était-il tôt ou tard ? Un irrésistible besoin de me raccrocher<br />

aux choses concrètes se faisait de plus en plus sentir.<br />

Qui étais-je ? Je respirais, j’étais le poumon de Kheops ! <strong>Le</strong>s parois<br />

se dilataient, se dégonflait… je débordais mes contours.<br />

Mon ventre atteignit bientôt le volume de la caverne, tandis<br />

qu’une force centripète m’écrasait la tête… Impossible de me situer<br />

dans l’espace… L’idée du positionnement de mes membres<br />

était aléatoire. Dispersé j’étais ! Et j’avais beau me palper, je ne<br />

parvenais plus à me croire entier. Je pensais des pieds,<br />

j’entendais du talon… Je n’étais plus qu’une flaque de mercure,<br />

délétère. Était-il possible que notre corps soit cette douloureuse<br />

et bruyante machine à tuer le temps où sifflent à grands coups<br />

d’archet les rivières de sang palpitant dans nos veines ? On<br />

donnait un opéra dans la fosse de mon estomac. Mon cœur était<br />

percussionniste. Mes borborygmes faisaient ressembler mon<br />

organisme à un alambic musical. « Qui n’a connu que la nuit,<br />

n’a pas goûté… » J’avais la dalle, moi… Façon de parler, il n’y<br />

avait plus de « Moi »… Je savais plus ce qu’avait dit Farid ?<br />

L’ordre des choses, des mots… Flippait-il lui aussi ? <strong>Le</strong>s cauchemars<br />

d’antan ressurgissaient à gros bouillon :<br />

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