Le Merblex

– Ouf ti ! Tu l’as dis… Ouf’ti, ah ha… »
Après une série d’ouf’tis, nos hôtes revenaient à la vie et
nous refilaient une nouvelle ration de spéculoos…
« En tout cas, votre petit verre de muscat était très bon,
ponctua Clara en conjuguant sa phrase à l’imparfait, histoire de
donner le signal du départ.
– Oh oui, que c’est du bon, confirmaient les ploucs en agitant
leurs coloquintes.
– C’est quelle marque ? insista Clara.
– Millésimé, c’est du millésimé… »
Enfin, tout le monde a vidé son verre, on s’est tartiné
quelques « grosses baises » de nourrices flamandes et on a repris
la route à la recherche d’autres « ouftis ».
« C’était qui ? questionna Phyl’une fois calé sur le siège de
la Dauphine ?
– Des gens qu’on a connus à la Libération… et qui voulaient
vous voir…
– Oui mais, entre parenthèse… pas très généreux, lança
Clara… Je suis certaine qu’ils l’ont sorti maintenant leur poulet,
prophétisa la Bouche… Ca, je vous en fiche mon billet ! Tu me
connais hein Léo’… J’ai du nez… Je le sens d’ici tiens, leur poulet…
Eh bien, qu’ils le mangent et qu’ils s’étranglent avec ! »
Il avait des crampes d’estomac tellement qu’y rigolait le
père. Nous, on avait un coup de pompe par contre.
Le disque d’Atoum-Rê finit par se coucher pour toujours
sur le « plus beau jour de notre vie » qui l’avait vraiment été,
puisqu’à rebours, nous constations que personne n’avait élevé la
voix depuis au moins vingt-quatre heures. Après ça, on a repris
la vie ordinaire, plus riches d’un missel, d’une ceinture en cuir
garanti, d’une paire de montres suisse, d’un porte-monnaie pur
porc garni de trois cent quarante francs d’économies et proprié-
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