Le Merblex

« Tu ne veux pas que je parte alors ?
– Tu as toujours eu tout ce que tu voulais ici, bougonna-telle.
C’est moi qui t’ai torché le derrière et nourri quand tu étais
môme, mais ça tu l’oublies. Tu n’es qu’un mécréant, un ingrat,
je te renie, tu m’entends ? Voilà bien toute la reconnaissance
que l’on obtient, tenez… après tant de sacrifices et de privations.
Je l’avais d’ailleurs prédit, que lorsque je vous aurais tout appris,
je vous perdrais.
– Tu m’as dit d’aller gagner ma vie, c’est ce que je fais. J’y
suis pour rien si ça va pas plus vite… J’attends mon bateau…
Faut bien que je te rembourse ce qu’à coûté mon éducation ?
– On te demande d’aider tes parents, ça n’est pas pareil.
– C’était ton devoir de m’éduquer, mais ça ne te donne pas
le droit de m’étouffer. Tu as fabriqué ma forme physique, mais
dans ma tête, j’y fourre c’que j’veux.
– Grossier personnage, aboya-t-elle.
– J’ai de qui tenir. J’en ai marre moi, j’ai envie de vivre
autre chose. Il y a autre chose dans la vie que de travailler pour
manger et manger pour travailler.
– Là-dessus, on est d’accord… mais, depuis que Monsieur
a décidé de naviguer, il prend ses grands airs… Ton frère, c’est
pareil, il n’en fiche pas lourd et depuis qu’il a entendu brailler
les « Biteul’s », il a laissé pousser ses tifs, s’est cousu un drapeau
angliche sur le dos et le voilà beatnick, ça valait bien la
peine…
– J’m’en fiche de ce mouchard…
– Non. C’est moi qui lui ai ordonné de tout me dire. »
Ca le faisait drôlement bisquer, Philippe de me voir amoureux.
Y avait qu’à voir comment y reluquait Cécile quand on se
baladait. Sûr qu’il m’avait balancé et tout manigancé avec la
Bouche.
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