Le Merblex

nouvelle oreille. Les signes du zodiaque me couraient sous la
peau. Chaque jour, un peu plus visionnaire, je voyais pour ceux
qui tiennent leurs yeux dans l’estomac. Ma conscience s’ouvrait
à la Loi des contraires et prenait goût à la désobéissance. Suffitil
de se conformer aux règles de la société pour s’épanouir ?
Chercher ma place dans le rang, devenir un « usager du bonheur
» comme les autres, me convertir aux croyances des tièdes,
tout cela me débéquetait d’avance.
Je me suis donc re-créé grâce à l’esthétisme d’Egyptos. Je
fis mienne l’éthique déophile des pharaons et devins un dissident
d’Occident ; n’imaginant pas l’homme que je voulais devenir,
naissant autrement que de ces apparentes contradictions.
Ma mère, à cause des vôtres, sans doute, imaginiez-vous
par avance les frustrations qu’il me faudrait essuyer au cours de
l’existence… Certes, je ne vous semblais pas destiné à guider
mes semblables, puisque de « trop au monde »… mais,
l’intuition me disait qu’il y a une infinie quantité de cercles ; que
tout être, fut-il Merblex, est au moins le centre de l’un d’eux et
que ce cercle est le sien. Nous sommes tous des obélisques
d’apparence semblables, mais uniques en puissance.
Vous me disiez inculte, dépourvu des qualités nécessaires à
une quelconque ascension sociale et incapable même de « m’en
sortir »… projections inutiles ! C’était sans compter sur l’inné,
sur la capacité qu’ont les Merblex à vivre dans les paradoxes.
C’était écarter l’idée que je m’étais incarné à cette fin. La vérité
est préférable au bonheur parce qu’elle mène à la paix. Si j’avais
ma jeunesse pour excuser mon arrogance, l’aveuglement que
vous imposaient les filières du faux bonheur (qu’enseignent les
félons de la pubocratie) justifie sans doute que je vous acquitte
de n’avoir su m’aider à atteindre le mien.
Frères, il vous fallait un conseiller, un consolateur. J’étais
celui-là. J’attendais le temps des consolations, dans la crainte et
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