Le Merblex

Je regarde la nuque de mon père penché sur ma forme
physique, allongée dans l’herbe. Il essaie de me ranimer. La
Bouche me cause à l’oreille…
« Henri, Henri, ça va ? Tu m’entends ? Reviens, c’est fini. »
Revenir au monde ? Minute ! Voir sans être vu, sensas… En
plus, je ne souffrais pas du tout, que dalle. Plénitudifié, que
j’étais, moi ! Mon lotus mystérieux flottait dans l’espace… synthèse
de l’être et de ses sentiments. Saint-Thèse, priez pour
nous… Certains détails, d’ordinaire imperceptibles,
m’apparaissaient. Visionnaire que j’étais ! J’inventais le numérique.
L’habitation charnelle des marcheurs sur pieds
m’apparaissait comme à la radiographie, des squelettes avec du
steak collés dessus, pleins de tuyaux reliés au tableau de bord et
une lampe allumée dans la caboche… tandis que de chacun de
leurs organes fusaient des faisceaux lumineux.
« Henri, reviens… allez ! »
Au monde ? Minute ! C’est trop sensas. On change de
temps… Tout est si net que je peux compter leurs cheveux. Ils
portent une inscription circulaire autour de leur tête maison ! Je
décrypte leurs pensées les plus intimes… Sensas ! Tout ce que
l’on est, tout ce que l’on vit est là, je vois. L’air d’habitude incolore
s’affirme verdâtre. Des centaines de serpentins y circulent,
un peu comme des rivières fluorescentes.
Mon père a beau être un C’qui veut, toujours il subit pour
vivre, contraint, la volonté des autres. Quand il est face à un
choix, il a tellement de mal à se décider qu’il laisse le plus souvent
passer l’occasion.
Malin comme un singe, Philippe, ça je savais déjà… Complice
malgré lui des violences que je subis, il s’inflige bien des
tourments. Son mental forme des nœuds inextricables où il
s’empêtre. Il partage ainsi mes peines croit-il… Comme y souffre
mon petit frère…
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