Le Merblex

XIV
Quand prit fin ma scolarité, je me sentis soulagé en faisant
mes adieux à cet horrible prof qui déchaussait son bridge entre
deux phrases et me toctchoquait le crâne avec sa chevalière,
qu’il plaçait pour la circonstance à la jointure de deux phalanges.
Je m’éloignais du même coup des retenues, des zéros de
conduite en oubliant même d’emporter le papyrus de mon diplôme.
L’été suivit, l’été s’enfuit, supportant jusqu’à l’automne
les plaintes monotones de la Bouche qui en avait assez de la
pêche à la ligne.
J’avais enfin le temps de m’adonner à mes exercices de décorporation,
allongé sur le toit, à contempler les hiérarchies du
ciel, tandis que la barque de mon adolescence suivait le courant
des métamorphoses.
« Alors, encore dans la lune ? Si tu crois que je ne sais pas
que tu es là-haut ! Attends mon ami, bientôt finies les rêveries,
tu vas aller gagner ta vie ! me lançait Clara plantée dans la
cour. »
Pas question de finir en beauté, fallait atterrir dare-dare, là
où les Occidentaux fabriquaient leur « bonheur »… Me convertir
à la « vie moderne »… Aider le monde à remplir l’horizon de
mort comme qui dirait… Telles étaient les ambitions qu’avait
forgé pour moi ma mère.
« T’as intérêt à t’adapter au système, qu’elle rabâchait…
Plus question d’entretenir une correspondance avec
l’ambassade d’Égypte… Aller faire des fouilles archéologiques !
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