Le Merblex

cousse électrique, la mamie fit glisser entre nos ventres humides
une serviette râpeuse. L’air sentait l’œuf d’autruche et une migraine
cognait à mes tempes. C’était donc ça, l’amour ? La mamie
se mit à rincer ma petite machine à l’eau froide, souriant
largement tandis que la tête me tournait.
« C’est pouwe l’hygiène bouwana… »
J’eus alors pitié de cette créature de Dieu, humiliée entre
deux escales, après un marin, avant un marin. Elle s’accroupit à
nouveau au-dessus du petit bassin blanc, fit clapoter un peu
d’eau entre ses cuisses, puis jeta le contenu dehors, sur la brûlure
de la terre. Je sortis de la case, titubant, avec la moitié de
mes fringues sous le bras. Charlie se mit aussitôt à rire la main
devant sa bouche, comme à chaque fois qu’il s’apprêtait à se
moquer.
« Alors te voilà salope, hein ? D’où viens-tu Marie, hein ?
Tu vas me le dire oui ? Et tu trouves ça comment, hein ?
– Arrête, je vais remettre…
– Ecce homo ! Un de plus. Si ta mère te voyait…
– Oh la barbe, c’est pas le moment
– Marche pas trop près de moi hein morpion, tu pues. Allez,
on va rentrer et je vais te donner ta douche, ça te changera
les idées. Mais dis-moi, tu recommenceras ?
– Quoi ?
– Ben ça, tiens, ce que tu viens de faire ?
– Oui.
– Alors là, je comprends maintenant pourquoi on t’appelle
Merblex. Même les Flamands sont plus intelligents que ça, si tu
veux que je te dise. Ça te plaît donc tant que ça ?
– Ben, c’était la première fois… Faut que je recommence,
parce que là, j’ai rien compris, le coup est partit trop vite, ha ha
ha !
– Ah ça, tu peux le dire, que t’as rien compris. »
– 249 –