Le Merblex

– Il me semble qu’un traitement d’aldol, pendant une période
à déterminer, serait tout à fait approprié à ce cas, répondit
l’interne, qui n’en démordait pas.
– Vous allez le démolir, sursauta la surveillante… Sa « conduite
d’opposition » est inhérente à notre refus d’accepter sa vision
des choses… Il y a l’art et la manière, nous devons l’assister
psychologiquement. Je vous rappelle que nous sommes en présence
d’un jeune dont le « QI » est de « 138 ». Cet enfant est un
surdoué ! Comment voulez-vous qu’il s’adapte au quart de
tour ?
– Madame Lefèvre, dit l’interne, je ne mets pas en doute les
compétences des psychologues, loin de là, mais jusqu’à preuve
du contraire, ce sont encore les psychiatres qui gouvernent Dolembreux
!
– Si Henri préfère l’Orient, quitte à ce qu’il en perde le
nord, je ne vois pas en quoi cela peut vous gêner ? Si cela lui
permet d’organiser son équilibre. Je trouve même qu’il a fait
preuve d’un certain génie en choisissant ce thème culturel pour
faire son auto-analyse… L’Égypte est le berceau de notre civilisation,
si vous l’ignorez encore…
– Pf’t’, souffla l’interne… nous sommes en Occident ici Madame
Lefèvre ! pas au cœur d’une civilisation disparue… Notre
culture est Judéo-Chrétienne… C’est à cela qu’Henri doit
s’adapter. Vous n’allez tout de même pas me dire le contraire ?
– Nous y voilà s’indigna Madame Lefèvre… l’église ! De
quoi avez-vous peur à la fin ? Qu’Henri ne puisse jamais se marier
? Qu’il ait un trop grand nombre d’aventures ?
– Allons, allons, murmura Friboulet, pour calmer le jeu.
– Je continue à penser, reprit Madame Lefèvre que nous
sommes en présence d’un transfert affectif momentané. Après
tout, Henri n’est encore qu’un adolescent. Il a tout le temps encore
de réaliser par lui-même son équilibre, de se recentrer. Il
n’est pas utile de sortir l’artillerie, c’est trop tôt, c’est mon avis et
je le maintiens.
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