Le Merblex

tiges de l’oiseau transpercé et les nausées tordre ma gorge à
chaque transgression de mes interdits. J’ai combattu les inhibitions
hostiles à l’érection de mon obélisque vertébral, qui me
condamnaient à n’agir que dans la contrainte ou dominé par la
crainte du châtiment. J’ai éprouvé les souffrances qu’engendre
le faux bonheur, dans toutes les régions où elles sévissaient.
Tout se conjuguait pour qu’il en fut ainsi. Il y avait des signes et
des forces invisibles pour me faire obéir à cette ligne de destin.
Quelquefois, je voulais la briser, m’opposant à l’idée qu’elle fut
mienne. Or, c’est le plus souvent la coupe à laquelle on refuse de
porter les lèvres qui le mieux nous abreuve.
Est-ce pour se rendre conscients les uns des autres que les
marcheurs sur pieds se font du mal les uns aux autres ? Dans la
répression, si l’âme ne s’adonne aux vils sentiments de haine
que suscite l’ignorance, elle vit sur elle-même jusqu’à ce qu’elle
trouve le moyen de dissoudre ses gènes pour se mettre en accord
avec la cosmogonie. Je ne vivais pas, je me vivais. C’est ce
que les dédaigneux appellent un philosophe !
À tant vouloir offrir le meilleur de moi-même, j’ai fini par
ne ressembler qu’à moi, et je suis entré dans mon horizon. Il fallut
pour cela, négocier chacun de mes jours avec les hommes de
vos nécropoles, afin que je puisse cuire mon pain, sans perdre
mon contrôle. Ainsi, pour avoir dit non au rôle que l’on voulait
me faire jouer, je suis entré dans le duat comme on entre dans
une matrice, mais chaque jour était bâtisseur de mon œuf cosmique.
Vous me disiez n’être « pas de votre monde… ». Ai-je voulu
le façonner à mon idée pour y vivre mieux ? Indiciblement, vous
sentiez ma différence, mais c’est au milieu de vous que je fus le
mieux dissimulé. Et plus que votre amour, c’est votre égoïsme
qui me tint le mieux debout. Vos rites, vos digressions, je fis
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