Le Merblex

– Mais ma parole, vous êtes difficile, fit d’une voix mielleuse
la playmate.
– On a notre anniversary today. Alors, no fish and chips
please…
– Je ferais mon possible Monsieur Régis, conclu d’un ton
complice l’infirmière avant de disparaître.
– Tu sais causer toi.
– T’as vu ? C’est ça les relations fieux, triompha-t-il en se
tapotant le thorax. Faut tirer la quintessence de chaque situation
fieux. Puisqu’on est là, autant en profiter au maximum
non ? Profiter, oui voilà. Les Régis profitaient jusqu’au bout.
Nous étions deux dans cette chambre, mais un seul comptait.
Sans doute, Régis mourrait-il en première classe et serait-il
logé dans un des plus beaux mastabas de la Cité-des-Beautés,
lui ! (Vallée des rois) Il aurait un intérieur magnifiquement
meublé, garni de superbes vases canopes, d’un tas de cruches de
bière remplies à ras bord et ainsi pourrait-il mener dans la belle
Amenti une vie éternellement confortable. Mais, succomber au
penchant inavouable du mépris à son égard aurait signifié infecter
toute ma jeunesse. Et, quand bien même l’aurais-je voulu,
mes yeux me crevaient les tympans, si bien qu’il m’eut été impossible
de verser la moindre larme pour arroser mon apparente
infortune.
À chacune de ses visites, Madame Gandibleu répandait autour
d’elle le suave parfum d’une eau de toilette parisienne, qui
pour un temps couvrait celle des médicaments. Elle regardait
toujours ailleurs, pour mieux prendre ses distances sans doute,
afin que l’on puisse admirer la coupe impeccable de son Chanel.
Elle avait des gestes nobles, des attitudes solaires qui faisaient
d’elle la femme la plus désirable que j’aie vu jusque là. Isis devait
être un peu comme cette femme dont la gorge, les seins et le
ventre étaient pleins d’eau chaude. Elle semblait indifférente,
mais cela faisait partie de ce comportement qui étonne les Mer-
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