Le Merblex

une bière, viennent les parents revenants chargés de fleurs qui
écœurent. Dans cet univers aberrant, on « meurt » de rire dans
les extrêmes, puis on pleure de n’avoir pas su dire « je t’aime ».
Mais ça n’était pas de leur faute, c’était à cause du bonheur tout
cela.
Au retour du « boulevard des allongés », comme disait
Léopold, tout le monde s’affaira pour préparer le café, découper
les pâtisseries et ouvrir d’autres bières. Puis naturellement, ils
se mirent à retracer l’avant. Chacun sortit son lot de souvenirs,
pour raconter l’absent. La mémoire leur revenait, en petits
flashs-back, qui me faisaient apparaître dans mes plus beaux
rôles… au monde. Chacun s’efforçait d’apporter le plus de détails
possibles à la mise en scène du film inachevé de ma vie…
photos en noir et blanc, format treize dix-huit à l’appui. Tous
surenchérissaient à coup d’anecdotes, comme à la belote quand
pleuvent les atouts. Chacun apportant sans trop s’en rendre
compte la preuve qu’ils étaient plus proches des morts que des
vivants… Clara écoutait, pratiquement souriante, comme pour
approuver le scénario qu’on lui débobinait.
« Et tes matoufets Léo’… Tu ne sauras jamais plus lui en
faire maintenant, murmura elle.
– On pourrait lui en apporter au cimetière risqua Phyl’.
– Si tu crois que c’est malin rouspéta Léopold.
– Il les adorait tes matoufets, hein Léo’…
– Oui c’est vrai, répondit C’quiveut rasséréné. »
Clara s’en alla à la cuisine repasser sur le café et pour se
donner du courage, elle se mit à fredonner son rêve de cantatrice…
« Ha, je ris, de me voir si belle en ce miroir… Margueritte,
Margueritte… Sur la mer calmée, un jour une fumée montera
comme un blanc panache… lalala, c’est un beau navire… »
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