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Le Merblex

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Pendant que les autres gosses de la maternelle apprenaient<br />

à faire sécher des rondelles de pommes en les enfilant sur une<br />

corde à linge, moi je dessinais au tableau les oiseaux qui viendraient<br />

les picorer. Fort de l’admiration que l’on me portait,<br />

j’étendais parfois mes recherches graphiques à des concepts<br />

cosmiques, traçant des bulles volantes, avec plein de trucs lumineux<br />

autour qui rayonnaient des rêves… Personne comprenait<br />

d’où je sortais tout ça. Sur le cul qu’ils étaient ! Même Clara,<br />

habituée à penser qu’elle avait engendré un monstre, n’en revenait<br />

pas. Ma popularité lui semblait néanmoins suspecte,<br />

compte tenu de ce qu’à l’inverse de moi, elle n’existait qu’à travers<br />

la matière…<br />

« Bon. Tu vas entrer en primaire, les cours ne sont pas faits<br />

pour dessiner, mais pour écrire et apprendre à compter… <strong>Le</strong>s<br />

artistes, on les recale, qu’elle rabâchait. »<br />

Avant de partir, Clara me collait une pince géante dans les<br />

cheveux, histoire de les discipliner en mini vague. J’avais beau<br />

pleurnicher que je n’étais pas une fille, la pince devait rester en<br />

place jusqu’à ce que j’aie terminé mon petit déjeuner. Après, elle<br />

boutonnait mon caban, me donnait une orange pour mon « dix<br />

heures », puis je partais gaillardement. Qu’il soit « de jour » ou<br />

« de nuit », je ne voyais jamais papa. Il prenait son service à six<br />

heures, ou ne rentrait que lorsque nous étions déjà couchés.<br />

Ainsi, cinq jours sur sept, Phyl’et moi, n’avions pas de père.<br />

– 29 –

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