Le Merblex

dales, qu’on avait placées dans un petit vase canope tout spécial.
Un martyre de la science que c’était, saint et beau pour
l’éternité, entre Thot et Ptah… C’est fou ce que la mort grandit
les gens quand ils meurent jeunes. Mieux, elle les transfigure.
Quant à marraine, personnage non moins mythique, j’attendais
depuis toujours qu’elle débarque avec des cadeaux rien que
pour ma fiole.
« Qui c’est, ma marraine ?
– Tu sais bien qu’elle est morte et enterrée, répondait la
Bouche agacée.
– De quoi ?
– Je ne sais pas, tu n’as pas à me questionner, contente-toi
de ça.
– Tu la connaissais ?
– Je préfère ne pas en parler. D’ailleurs, tu n’as rien perdu,
elle m’en a assez fait voir celle-là…
– Elle était belle ?
– Ta marraine, mon cher ami, tenait un bar… et par-dessus
le marché, elle tirait les cartes, ça te suffit comme explication ?
À présent, fiche-moi la paix avec ça. J’ai encore la vaisselle qui
m’attend. D’ailleurs, tu vas la faire avec moi et sans discussion
n’est-ce pas !
– J’suis pas une fille !
– Tu la feras quand même !
– Pourquoi on ne va jamais sur sa tombe comme sur celle
de parrain ?
– Le cimetière est au bout du monde.
– Non, le monde n’a pas de bout… elle est pas morte, elle
est pas morte !
– Tais-toi ou tu vas en avoir une !
– Mais puisque Phyl’a une marraine, pourquoi moi j’en ai
pas une aussi ?
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