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Le Merblex

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dormir quand, dans la nuit, quelqu’un m’éveilla en se glissant<br />

dans mon pieu ! Je rêvais pas : Dzita !<br />

Elle pleurait doucement et ça, j’avais pas besoin qu’on me<br />

le traduise. Après quelques instants d’hésitation, je lui passais le<br />

bras autour des épaules. J’avais beau l’interroger, elle ne répondait<br />

rien. Elle ne protesta pas davantage quand je l’attirai contre<br />

moi. Elle se tenait un peu raide, dans une sorte d’attitude farouche,<br />

les poings serrés sous le menton, pressant l’un contre<br />

l’autre ses seins comme deux colombes qu’elle voulait protéger.<br />

Quelle peur avait bien pu la sortir de son lit pour s’aventurer<br />

dans celui d’un marin ? Je la désirais bien comme y faut… Une<br />

peau pareille, j’avais la trique, pire qu’Osiris, moi… Je sentais la<br />

chaleur de son corps à travers sa robe de nuit tandis que mon<br />

sang battait violemment à mes tempes, mais je me contentais de<br />

baiser ses joues salées en la tenant blottie contre moi. Comment<br />

Dzita si timide avait-elle pu ? Que penserait son père si je touchais<br />

sa fille, sans son consentement ? Rassurée par ma passivité,<br />

Dzita finit par s’endormir, la tête au creux de mon épaule, les<br />

cheveux collés au visage. J’ai veillé toute la nuit, les yeux grands<br />

ouverts, attendant que l’aurore éteigne l’incendie de mon corps.<br />

C’était pas un cadeau.<br />

Quand je refis surface, Dzita avait quitté ma couche. Je<br />

m’en balançais moi, je pensais qu’à bouffer. Je m’habillais en<br />

hâte et j’allais rejoindre mes hôtes déjà dans le séjour.<br />

Farid Khasnoûb avait le charme moqueur que j’admirais<br />

chez mon père. Il ponctuait tout d’un sourire, ironique ou satisfait,<br />

selon le sentiment qu’il voulait communiquer. Mais ce matin-là,<br />

il m’accueillit à visage fermé, le regard atone. Il m’invita à<br />

m’asseoir, tandis que Dzita servait le thé les yeux baissés. <strong>Le</strong> silence<br />

pesait puissamment sur cette matinée bien avancée déjà et<br />

je ne pouvais m’empêcher de croire que d’une minute à l’autre,<br />

Khasnoûb m’inviterait à quitter sa demeure. Dzita prit place à la<br />

table, silencieuse elle aussi. Sans doute son père voulait-il que<br />

nous prenions cette dernière boisson ensemble, pour ne pas<br />

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