Le Merblex

Si j’étais de trop dans le monde des « marcheurs sur
pieds », c’est que leur monde n’était pas fait pour moi, ou moi
pas fait pour lui, logique. Pour être moins au monde, il aurait
fallut que je sois dans un autre. Mais pour ça, c’était encore un
petit peu trop tôt… En attendant, perché sur le toit, je me créais
le mien… De là-haut, séparé par vingt siècles d’histoire de mes
contemporains, on me fichait une paix royale. J’ouvrais les
portes des constellations et j’avais puissance sur mon destin.
Léger, je planais comme Horus des millions d’années au-dessus
de l’abîme… Déjà, je m’imaginais entrant dans mon horizon de
vrai bonheur.
« T’es de trop au monde ! sale Merblex. Et arrête de chialer
hein, espèce de bâtard, sinon il va encore t’arriver un avatar !
– Au monde…
– Tu me réponds encore ? T’en veux une ?
– Je suis pas un bâtard…
– Mais non, c’est « avatar » qu’elle a dit, c’est pas pareil,
insistait Phyl’pour se faire valoir. T’as vu l’omelette qu’il a faite,
le fater tout à l’heure ? Tchouw’! Puis tugulup’tugulup’, sur le
mur… tout doucement…
– Ouais ! Jusque sur le plancher du monde.
– Ouais ! Confirma Philippe, qui commençait à saisir ma
tournure de pensée.
– Après ça, la Bouche s’est enfuie dans le jardin du monde
en criant « au secours » !
– T’as vu le slalom, entre les dahlias ? Au monde… »
Cette nuit là, je me suis décorporé pour la première fois. Je
sommeillais allongé sur mon lit… quand j’ai vu un mur de Lumière…
je ne sais pas comment l’appeler autrement, avec derrière,
une force qui m’attirait. Je me suis dit que si je le traversais,
je connaîtrais le nœud de mon destin. Cette idée m’aspirait.
Je me suis levé… sans m’en rendre compte, j’ai marché jusqu’en
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