Le Merblex

– Petit, mais au courant. Si en cinq mille ans on n’est pas
devenu plus malin que ça…
– Désolée, Henri, mais je n’entrave absolument rien à ce
que tu veux dire ? ajouta-t-elle l’air paumé. Ton père et moi,
nous avons toujours tout fait pour vous rendre heureux… vous
acheter vos jouets et tout ça…
– Pour reproduire en miniature la connerie qu’on vit en
grand ? Et vous appelez ça le « bonheur » vous autres ?
– Tu dérailles ma parole, murmura Clara…
– Mais non, tu sais bien que c’est un poète, coupa Léopold…
On va t’appeler « l’œil aux Russes » maintenant continua-t-il,
en référence à « l’œil de Moscou », ramenant à point la
discussion sur le ton de la plaisanterie.
– Je préfère l’œil d’Horus (Horus : dieu Égyptien dont l’œil
gauche est la lune et le droit le soleil. Il voit et pénètre tout).
– Ah toi et tes Égyptiens coupa Clara, en effectuant un
mouvement du torse, comme pour se débarrasser d’une ombre
récalcitrante. »
Ainsi m’échut le surnom de Horus, qui me faisait entrer de
plain-pied dans la légende de « l’Aigle Noir » !
« Bon, c’est bon, fit Clara en voyant ma mine ; nous en
avons déjà parlé ton père et moi, nous allons te mettre dans une
chambre plus confortable. Ca n’est pas donné, mais c’est bon, ça
va, tu seras mieux.
– Et quand tu reviendras, je te ferai un bon matoufet, saistu
Merblex. »
Mes « P et M » vinrent me voir à tour de rôle, comme font
les familles qui ont un membre malade. Ma Castafiore de mère
me faisait la lecture du Tintin hebdomadaire, bien que je ne
puisse plus actionner mes yeux dans un sens ni dans l’autre,
tant leurs muscles étaient endoloris. Mais, je ne regrettais pas
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