Le Merblex

« Tout ce qui arrive est entièrement de ta faute ! Mais tu
vas voir ce qui te pend sous le nez, mon ami.
– J’ai dix-sept ans, je suis un homme tu comprends. Vous
êtes toujours là à m’espionner, à me questionner, à m’imposer.
J’ai besoin d’indépendance… Comment faut-il vous faire comprendre
que je suis fait comme tout le monde en dessous de la
ceinture.
– Décidément, c’est le jour de la grande lessive !
– Ce sont tes propres paroles. T’as l’air d’oublier ce fameux
jour où j’avais eu l’impudence de dire que je me marierais probablement
jamais… Tu me répondis alors de toute ta hauteur :
« Tu es fait comme tout le monde en dessous de la ceinture »…
– Mon cher ami, reprit-elle d’un ton hautain, tu devrais
avoir honte de t’adresser de la sorte à ta mère et baiser la terre
où j’ai marché. Au lieu de cela, tu ne songes qu’à ton petit confort.
Tu te fiches pas mal que l’on soit dans la mouise. Si on
t’attendait pour en sortir… On a trimé toute notre vie nous
autres et on ne sait même pas combien on aura pour notre retraite
!
– C’est pour ça qu’y faut vivre… On dirait qu’en venant au
monde, vous aviez déjà le mot « retraite » imprimé sur le front…
Du début à la fin, vous ne pensez qu’à ça : « retraite ! retraite !
retraite ! »… j’ai pas envie de devenir comme ça…
– Tu préfères aller dépenser l’argent dont on a besoin avec
les négresses sans doute, hein ? »
Sur ces mots, une porte s’ouvrit pour livrer passage à une
apparition : Cécile !
« Tenez, asseyez-vous mademoiselle fit Clara hospitalière.
Voilà. Vous avez tout entendu. Vous voici mise en garde contre
les agissements de mon fils. Quand je vous disais que vous le
connaissiez mal… Il a le diable au corps, c’est un indomptable je
vous dis. »
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