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Le Merblex

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Pendant que Clara épluchait les petites annonces, je traînais<br />

mon âme du côté du conservatoire où j’avais aperçu une<br />

blonde qui trimballait le petit sarcophage de son violon. Elle ne<br />

tarda pas à me repérer et accepta que je la raccompagne. C’était<br />

la première fois qu’une fille ne me repoussait pas en disant « Je<br />

ne vais tout de même pas les prendre au berceau »… Anne-<br />

Marie était bien trop sensible pour dire des horreurs pareilles.<br />

C’était une mystique, le genre à consacrer sa vie au Temple<br />

d’Isis. Pourtant, elle m’aspirait hors de mon sang à chaque fois<br />

que je l’approchais. Jusqu’au crépuscule, nous restions enlacés<br />

sur un banc au fond du parc municipal, à écouter piailler les<br />

ibis. Je glissais ma main entre ses seins beiges, m’enivrant des<br />

brises secrètes qu’exhalait son petit coulinou. Il y avait là des<br />

figues et des raisins, toutes sortes de fruits suspendus aux<br />

arbres disposés autour de trois sources… l’une d’eau, l’autre de<br />

vin, la troisième de miel. Je me saoulais de ses baisers, les premiers<br />

de ma bouche. Alors, ma Maison-de-Vie était pourvue de<br />

tout le nécessaire.<br />

« Je préfère l’amour platonique, murmurait-elle en repoussant<br />

mes élans fougueux. Je sais que tu as envie… mais on fera<br />

rien ensemble… jamais. »<br />

Whé, l’autre, j’avais le bois moi ! Pire qu’Osiris. Elle me le<br />

faisait à chaque fois le coup du plat-tonique… Après y avoir goûté,<br />

je rentrais avec un porte-manteau dans le caleçon en imaginant<br />

des positions…<br />

Anne-Marie se passionnait pour les tragédies grecques.<br />

Elle connaissait les mystères d’Orphée, la guerre des bacchantes<br />

par cœur et savait même comment Dionysos était devenu le<br />

verbe incarné de Zeus. Un soir d’orage, nous étions restés sous<br />

l’averse, visages tendus vers le ciel pour en capter l’énergie. La<br />

pluie mitraillait les feuillées en nous plaquant à la peau nos cheveux.<br />

« Attention ! Voilà Jupiter tonnant criait-elle, allez défends-toi<br />

Henri ! »<br />

– 159 –

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